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lundi 13 février 2012

Yémen : Une année de révolution inachevée



 Beaucoup prédisaient un bain de sang lorsqu'éclata la révolution au Yémen, connu pour être le deuxième pays le plus armé du monde, pourtant, fait extraordinaire, elle s'est révélée la moins violente du “Printemps Arabe”. Malgré la brutalité du régime, les contestataires se sont retenus de faire usage de leur armes et ont défilé pacifiquement pour revendiquer leurs droits. C'est à poitrine nue qu'ils ont affronté la violence excessive des forces de sécurité. Une année a passé depuis les débuts de la révolution, cependant le jour de son déclenchement divise les Yéménites, comme le souligne l'auteur de ce billet sur son blog :
La révolution du Yémen est indubitablement la plus longue du Printemps Arabe, pourtant les Yéménites ne sont pas d'accord sur le jour où elle a commencé. Certains disent que c'était le 3 février, lorsque des activistes ont manifesté devant l'Université de Sanaa, pour d'autres c'est le 11 février, avec le montage des premières tentes d'occupation à Taiz, et pour d'autres encore, le 20 février lorsque les premiers martyrs sont tombés à Aden et Taiz. Mais la révolution du Yémen reste surtout associée au 11 février, avec la chute de Moubarak en Egypte.
Cette vidéo mise en ligne par SupportYemen sur YouTube montre un groupe de militants disant leurs espoirs et expliquant les revendications de la révolution :
Des centaines de morts, des milliers de blessés, pourtant les responsables de leurs meurtres se sont vus accorder l'immunité aux termes de l'accord de transition du pouvoir, négocié par le Conseil de Coopération du Golfe et pleinement soutenu par les Etats-Unis et les Nations Unies.
Les manifestants de Taiz ont allumé la flamme la veille de l'anniversaire de la révolution, le 10 février, sur la place de la Liberté, marquant le début des festivités avec des slogans et des feux d'artifice, comme on le voit sur cette vidéo de taizpress :
La révolution au Yémen a fait impression dans le monde avec ses défilés massifs et efficaces. Iona Craig, une journaliste indépendante qui a passé la plupart de son temps au Yémen depuis le début de la révolution, a tweeté un lien vers une sélection des photos éloquentes qu'elle a prises au long de l'année, dont quelques-uns des défilés.
@ionacraig: Il y a un an aujourd'hui que les manifestations journalières ont commencé au #Yemen. Une sélection de mes photos de fév. 2011 à fév. 2012: bit.ly/wk1TTT
Cette vidéo, mise en ligne par KareemoS le 21 mai, montre la foule rassemblée contre Saleh et son régime, scander “le peuple veut renverser le régime” - une revendication qui reste à réaliser.
Des célébrations massives se sont tenues à Taiz le 11 février, pour le premier anniversaire de la révolution au Yémen. taizpress publie cette vidéo sur YouTube qui en montre une partie :
Le révolutionnaire yéménite Baraa Shiban résume les événements de l'année passée au Yémen dans son billet sur Comments MiddleEast. Il conclut ainsi :
Les derniers jours de décembre ont vu une révolution parallèle qui a paralysé de nombreux secteurs de l'administration et a conduit à la démission de certains hauts responsables. Il est intéressant de signaler que les grèves de salariés se poursuivent tandis que le pays se forge ses micro-révolutions, essayant de purger les vestiges du régime Saleh, et, en priorité, les vastes restes de la tyrannie au Yémen.
En attendant, le Yémen est confronté à de nombreux défis. Une année de révolte, c'est de nombreuses vies perdues, une crise économique et humanitaire due à une pénurie d'eau, d'électricité et d'autres produits. Si on regarde ce qui a été réalisé jusqu'à maintenant, un gouvernement d'union a été institué entre le parti au pouvoir existant, le GPC (Congrès Général du Peuple) et le JMP d' “opposition” (la principale coalition d'opposition). La communauté internationale a octroyé l'immunité à Saleh et son régime, contre lesquels le peuple se révoltait depuis des mois. Saleh est parti aux USA et reviendra au Yémen donner son suffrage à son Vice-Président des 18 dernières années, qu'il s'était choisi comme successeur et qui a reçu l'onction du CCG comme candidat du consensus dans l' “élection à un seul homme” du 21 février.
Voici une des affiches de la campagne électorale, visible dans divers endroits de Sanaa, et qui parle d'elle-même, mise en ligne par l'un des groupes les plus suivis sur Facebook, (en arabe) “Nous sommes tous Taiz“, avec une légende invitant aux commentaires des lecteurs.
Après 34 ans à la tête du Yémen, Saleh quitte enfin la présidence au jour de l'élection, le 21 février, mais son fils, ses neveux et frères contrôlent toujours l'appareil militaire, et son régime reste largement intact. La jeunesse indépendante qui manifestait depuis un an est revenue à la case départ, toujours sur les places, faible et divisée, mais toujours ferme dans l'espoir de construire un nouveau Yémen, fondé sur la liberté, la démocratie, la justice et l'égalité sociale.
“Supportyemen a mis en ligne cette vidéo au message fort :
“Certains tiennent les droits humains fondamentaux pour acquis, mais pour nous Yéménites, ce sont des aspirations. Nous marchons pour un meilleur enseignement, de meilleurs soins médicaux, la liberté d'expression, la démocratie réelle, pour la justice, et pour la dignité !
Comme le reconnaissait l'auteur dans son billet :
Hélas, le Yémen est ouvertement devenu un protectorat international, avec des acteurs régionaux et internationaux qui déterminent son avenir à la place de son peuple.
Avec ces mots, son espoir le plus vif est que le pouvoir du peuple l'emporte sur le pouvoir de quelques-uns.

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