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vendredi 24 février 2012

ALGERIE Rap. Le fils de Ali Mécili flingue Bouteflika (+vidéo)


Yalhane Mécili, 31 ans, est le fils de l’homme politique Ali Mécili, mort assassiné à Paris le 7 avril 1987. Il est éducateur sportif pour ados à Saint-Denis (93, France) et rappeur à ses heures. ll vient de sortir son premier album de 15 titres, avec un morceau au vitriol contre Bouteflika, intitulé “90 %, en référence au score du président algérien aux dernières présidentielles.
Yalhane Mécili n’a jamais foulé le sol algérien, mais s’inquiète pour le pays en ces temps de troubles dans le Maghreb et le monde arabe: « En Tunisie, il y avait un clan familial soutenu par la police. En Algérie, le régime est mieux structuré, et il tient grâce à l’armée. Ça se terminerait en bain de sang. ». La révolution ?. Oui, « mais pas pour tout de suite. »


L'affaire Mécili est une de ces affaires typiquement françafricaines. Bloquée par la raison d'Etat pour ne pas nuire aux belles relations politiques et commerciales entre l'ex-puissance coloniale et l'un de ses anciens satellites. Un gêneur majeur est assassiné, avant une protection totale des deux pays pour les commanditaires et exécutants du crime. Comme l'affaire Ben Barka avec le Maroc.

« Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l'Algérie »

Le 7 avril 1987, Me Ali André Mécili, 46 ans, citoyen français, avocat au barreau de Paris, est abattu de trois balles dans l'entrée de son immeuble, boulevard Saint-Michel. Dans une lettre-testament découverte après sa mort, le fédérateur de l'opposition algérienne écrivait :
« Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l'Algérie. »
« Sous des balles algériennes » : plusieurs années d'instruction judiciaire et d'enquêtes journalistiques ont vérifié cette prédiction, mais l'Etat français a empêché la justice de trancher. Son assassin (présumé car jamais condamné), Abdelmalek Amelou, était porteur d'un ordre de mission de la Sécurité militaire algérienne lors de son arrestation, le 10 juin 1987.
Le ministre français de la Sécurité, Robert Pandraud (un proche de Charles Pasqua), le fait expulser en Algérie dès le 14 juin, discrètement et dans l'« urgence absolue ». Il y vit depuis une existence tranquille.

La France renvoie l'assassin et son chef en Algérie

Vingt et un ans plus tard, en août 2008, l'organisateur présumé de l'assassinat, le « capitaine Hassani », est arrêté à l'aéroport de Marseille. A cause d'une erreur stupide.
N'ayant pas envie d'attendre à la douane, l'ex-agent de la Sécurité militaire Mohamed Ziane Hasseni, désormais diplomate algérien, argue de son immunité. Le ton monte. Le policier vérifie dans ses fichiers, et tombe sur le mandat d'arrêt international le concernant.
En révélant quelques jours plus tard des éléments de son audition, Rue89 écrivait :
« Vingt et un ans après ce crime, la détermination du parquet français à empêcher toute avancée dans cette affaire reste patente. »
L'Algérie aussi est déterminée : un témoin-clé réfugié en Allemagne se rétracte, alors qu'« au début », il était « convaincu à 99% ». Le nom d'un des caciques du régime algérien est cité. Après des menaces d'Abdelaziz Bouteflika, la France autorise Hasseni à rentrer en Algérie. Nicolas Sarkozy est resté sourd à la lettre ouverte d'Annie, la veuve de Mécili.

La révolution en Algérie ? « Pas pour tout de suite »

Le 31 août 2010, la Cour d'appel de Paris accorde un non-lieu à l'agent algérien. Fin de l'histoire ? Sauf éventuel élément nouveau, puisque l'instruction continue.
Yalhane Mécili a toujours de l'espoir. En ce « que les rapports entre les deux pays changent, que la France se montre à la hauteur des principes qu'elle affiche, et que la justice suive son cours ».
En Algérie, le rappeur n'imagine pas une révolution à la tunisienne :
« En Tunisie, il y avait un clan familial soutenu par la police. En Algérie, le régime est mieux structuré, et il tient grâce à l'armée. Ça se terminerait en bain de sang. »
Il croit tout de même à une révolution. « Mais pas pour tout de suite. »
A Alger, jeudi 3 février, le président Bouteflika a promis la fin de l'état d'urgence(en vigueur depuis 19 ans) et l'ouverture des médias audiovisuels.

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