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vendredi 10 février 2012

La Russie, après le tabou soviétique, découvre les ravages de la pédophilie


Les autorités russes, face à une explosion du nombre de crimes pédophiles recensés, ont reconnu l'ampleur du problème après des décennies de tabou soviétique, et durci les peines encourues, autorisant notamment la castration chimique des coupables.


Selon le Point,Les autorités russes, face à une explosion du nombre de crimes pédophiles recensés, ont reconnu l'ampleur du problème après des décennies de tabou soviétique, et durci les peines encourues, autorisant notamment la castration chimique des coupables.
Adoptée par la Douma (chambre basse) cette semaine, un texte durcit les peines de prison pour les violences sexuelles contre les mineurs, interdit pour la première fois aux condamnés libérés de travailler à proximité d'enfants et autorise la castration chimique du condamné si la victime a moins de 14 ans.
Le texte doit encore être approuvé par le Kremlin, mais d'ores et déjà, Pavel Astakhov, le représentant de la présidence pour les droits de l'enfant, a jugé que cette loi était un pas en avant pour mettre fin à une forme de laisser-aller.
"La législation pénale en matière de protection des enfants contre les agressions sexuelles est l'une des plus libérales au monde, on est au niveau de l'Afghanistan, du Mali ou de l'Angola", estimait-il mardi dernier, jour du vote.
Si la législation russe sur la pédophilie est jugée assez laxiste (peines limitées, pas d'interdiction d'exercer des métiers liés à l'enfance, pas de suivi médical etc.), c'est qu'à l'époque soviétique ce problème était volontairement caché, selon un ancien policier.
"Je vous assure que le taux de crime pédophile était le même (sous l'URSS), mais à l'époque soviétique il était impossible d'être informé sur ces crimes par la presse, c'était +un vice bourgeois+, inexistant dans la société soviétique", explique Evgueni Vychenkov, un ancien policier qui dirige Ajour, une agence d'investigations journalistiques à Saint-Pétersbourg.
Aujourd'hui, la presse populaire et les journaux régionaux publient jour après jour des articles sur des crimes sexuels contre des enfants. Le comité d'enquête de Russie diffuse de son côté quotidiennement des communiqués relatant les dernières affaires en cours.
Et les statistiques officielles sont impressionnantes: le nombre de violences sexuelles visant les enfants faisant l'objet d'une plainte a été multiplié par 30 entre 2003 et 2010, année où 9.500 crimes de ce type ont été recensés.
Selon le bureau du représentant de la présidence russe pour les droits de l'enfant, ces délits ont explosé entre 2010 et 2011, en hausse de 41,2%.
Pavel Astakhov a désigné le coupable : l'internet, où la pédopornographie s'est répandue dans l'impunité, la police ne cherchant pas réellement à la combattre.
"L'activisme en 2011 des forces de l'ordre contre la pédopornographie a baissé: le nombre de faits enregistrés de diffusion ou de fabrication de contenus pornographiques avec des mineurs a baissé de 38,2%, de 613 affaires à 379!", accuse le responsable russe.
"Et à cause de la large diffusion sur l'internet de pédopornographie, le nombre de crimes contre les enfants augmente, touchant même les nourrissons", dit-il.
Entre l'inefficacité présumée de la justice et le nombre croissant de faits divers, la presse populaire est allée encourager les initiatives privées pour arrêter les pédophiles.
En juillet, le quotidien populaire russe Komsomolskaïa Pravda racontait ainsi qu'une jeune fille de 21 ans, Anna Levtchenko, établissait des relations sur internet avec des pédophiles pour ensuite les dénoncer à la police.
Le même quotidien relatait au mois d'octobre qu'un groupe de jeunes donnait rendez-vous à des pédophiles trouvés sur la toile, puis les obligeaient à avouer devant une caméra leurs préférences sexuelles avant de diffuser ces images.
Et lorsqu'en 2008, un père de famille avait battu à mort un homme qui avait tenté de toucher l'un de ses enfants à Saint-Pétersbourg, la presse populaire, l'Eglise orthodoxe et des politiques ont défendu un "héros". Il n'a purgé qu'une peine de trois ans de détention.

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