Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est récemment rendu en Zambie. Il s'y est exprimé devant le parlement, a rencontré des personnalités politiques de premier plan parmi lesquelles Kenneth Kaunda, le premier président de la Zambie indépendante - et a visité la première destination touristique du pays, les chutes Victoria, à Livingstone, dans le sud du pays. Mais ce qui fait couler l'encre, c'est son appel au pays à respecter les droits des homosexuels.
Le Lusaka Times écrit :
Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a déclaré que les personnes issues de milieux culturels différents devaient jouir de dignité et de respect. M. Ban souligne que les droits des homosexuels, lesbiennes et gays, doivent être respectés par l'humanité.
Le Secrétaire général de l'Onu tient un discours à Lukasa, en Zambie. Photo : zambianwatchdog.com.
Dans son discours à l'Assemblée nationale zambienne, M. Ban a déclaré :
Vous vous êtes maintenant engagé dans un programme de transformation - un processus pour une nouvelle Constitution orientée vers le peuple et qui sera à la base du progrès de la Zambie, une Constitution qui résistera à l'épreuve du temps. Cela constitue une opportunité de mener, une fois de plus, en y inscrivant un niveau élevé de droits humains et la protection de tous - sans distinction de race, religion, genre, orientation sexuelle ou d'invalidité.
Sa déclaration a remis la question de l'homosexualité à l'ordre du jour. C'est avec cette question que le MMD (Mouvement pour une démocratie multipartite) avait presque détruit le dirigeant de l'opposition de l'époque, l'actuel président Michael Sara, pendant les campagnes qui menèrent aux élections de septembre dernier où il vainquit le président sortant, Rupiah Banda.
Sur la majorité des réseaux sociaux, la communauté d'internautes zambienne a réagit de nombreuses façons à la déclaration de M. Ban. La plupart d'entre eux invoquait les termes “nation chrétienne” qui sont inscrits dans la constitution du pays.
En réaction à l'article du Lukasa Times (cité ci-dessus), Mambala écrit :
Héhéhé!!!!! Mr Ban, nous nous attendions à ce que vous disiez ça. En réalité, c'est pour cela que vous êtes venu… Pour promouvoir la cause des gays et des lesbiennes. Écoutez, la Zambie est un état souverain, nous n'avons pas besoin qu'on vienne nous dire comment nous devons vivre. Nous savons que les homos et lesbiennes ont toujours fait partie de notre société. Ils font ce qu'ils font en secret, et cela ne nous pose pas de problème. Mais s'ils osent sortir de l'ombre et montrer leur vices, nous serons sans pitié !!!
Une carte montrant les peines réservées aux gays et lesbiennes en Afrique. Source: ilga.org
Un citoyen écrit :
S'il vous plaît, M. le Secrétaire général, nous, les Zambiens, avons accepté que nous étions une nation chrétienne, c'est dans notre constitution et c'est donc notre droit. Être chrétien signifie que nous respectons tout le monde, car Dieu nous a fait à son image - même les criminels, les homosexuels, les lesbiennes, les menteurs, les prostituées etc. Mais nous condamnons leurs activités immorales pour qu'ils s'en détournent. M. le Secrétaire général, nous savons que vous voulez que nous suivions l'exemple de d'autres nations en dépénalisant l'homosexualité. Nous refusons cela. Nous ne dépénaliserons jamais de tels actes. Ce sont ces autres nations qui devraient prendre exemple sur nous, car c'est la chose la plus raisonnable à faire.
Une des rares voix contraires, Observer, écrit :
M. Ban parle de droits de BASE. Il ne parle pas du mariage homosexuel ou quoi que ce soit. Est-ce que certains d'entre vous ont lu l'article avant de le commenter ? Un droit de base, c'est comme le droit à l'eau potable ou à l'éducation. Il dit que ces gens devraient avoir le droit de vivre leur vie sans menace physique et jouir des mêmes droits de base que les autres, sans discrimination. Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à ça. Ce sont aussi des humains. Nos églises et nos familles devraient travailler dur pour s'assurer que les jeunes ne sombrent pas dans l'homosexualité ou d'autres choses négatives. On ne peut pas demander au gouvernement de superviser la vie des individus. Nous sommes très heureux que vous soyez venu dans notre pays, M. Ban.
Sur la page Facebook zambienne 90 days (Government thumbs up/down every 90 days), Sidique Abdullah Gondwe Geloo fait une distinction entre un péché et un crime :
L'HOMOSEXUALITÉ EST UN PÉCHÉ, PAS UN CRIME. LA FORNICATION EST UN PÉCHÉ, PAS UN CRIME. Un homme célibataire doit-il aller en prison pour avoir eu des rapports sexuels avec une femme célibataire ? Non. Ils ont péché mais ce n'est pas un crime, ils ont pris une décision. Les homosexuels doivent-ils aller en prison parce qu'ils sortent ensemble ? C'est un PÉCHÉ odieux, mais pas un crime… Ils ont le droit de ne pas être lapidé, tué ou harcelé, mais ils ne peuvent pas avoir le droit de se marier, de montrer leurs sentiments en public, car nous sommes UN PAYS HOMOPHOBE ET FIER DE L'ÊTRE… Donc quand quelqu'un dit que les homosexuels ont des droits, cela ne devrait pas vous faire peur, tant que les homosexuels restent cachés.
Sur Twitter, quelqu'un s'adresse à Ban Ki-Moon :
@chikwe1: Ban Ki-Moon, si dénoncer l'homosexualité (#Homosexuality) fait de moi un sauvage (#Savage), je préfère vivre (#Live) et mourir (#Die) en sauvage qu'autrement. Gardez vos distance de la Zambie (#Zambia).
Alors que le débat sur l'homosexualité fait rage en Afrique, le Libéria et l'Ouganda ont récemment fait passer des lois anti-gays, rendant l'homosexualité passible de peine de mort. L'homosexualité est illégale dans 38 pays africains et entraîne une peine de mort en Mauritanie, au Soudan et dans le nord du Nigéria.
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