Il y a dans la vision du journaliste européen une sorte de condescendance à toujours vouloir humaniser l’Autre comme si cet autre, la femme musulmane en l’occurrence, découvrait son émancipation à travers les bienfaits de la stimulation des ébats amoureux.
Le Maroc est le pays des parfums poétiques et rêves épicés, oasis des voyages initiatiques : de l’art culinaire aux genres riches et variés de la musique traditionnelle, de la découverte des sites archéologiques à la beauté du désert inoubliable jusqu’aux valeurs hospitalières. Ce Maroc où la femme belle et fertile qui vous tend un verre de thé parfumé à la rose ou au jasmin avec grâce et humilité est la proie des clichés de journalistes en manque d’idées révolutionnaires après un printemps Tunisien explosif.
Il est certes plus facile de contextualiser la femme dans un imaginaire subjectif pour offrir des sujets d’articles biaisés que d’aborder les vrais problèmes de société. Et l’image de la femme Marocaine, ou de la femme musulmane en générale, est trop souvent bafouée, il fallait le dire !
Vêtues de leur djellaba et hijab noires, deux femmes musulmanes, une caissière et une cliente, se trouvent dans un magasin pour femmes dans lequel figurent des lingeries féminines, des crèmes, parfums et autres produits cosmétiques disposés tels que le sont des produits dans n’importe quelle boutique pour femmes, dans les quartiers populaires ou chics branchés d’ Europe. Ce magasin se situe au Bahreïn. C’est un blog du Monde, presse traditionnelle sérieuse de renom, convertie en un cours instant en Tabloïd, qui nous offre cette photo et l’explication en guise d’article qui va avec.
On y découvre qu’un nouveau « sex-shop halal » a ouvert au Maroc, à Casablanca, et que des produits identiques à certains produits disponibles en pharmacie sont destinés à stimuler les ébats sexuels. Aucune photo de ce « sex-shop halal » n’a été fournie. On nous informe que la présence de « sex-toys » est interdite. Il aurait été logique de se déplacer et de prendre une photo du magasin en question ou de récupérer une photo qui circulerait dans les réseaux sociaux. Le Bahreïn c’est loin ; et le Maroc est tout prêt. Ah les bienfaits du journalisme d’investigation sur chaise, devant écran d’ordinateur, ont leurs plus beaux jours devant eux.
Ca y est la révolution est en marche chez nos voisins Marocains ; « la révolution sexuelle » ainsi nommée et reconnue telle par notre blog du Monde, prête à saisir toutes les âmes de ce royaume enclines au vote islamiste. Il y a dans la vision du journaliste européen une sorte de condescendance à toujours vouloir humaniser l’Autre comme si cet autre, la femme musulmane en l’occurrence, découvrait son émancipation à travers les bienfaits de la stimulation des ébats amoureux.
Héritage culturel soixante-huitard français peut-être ? Ainsi le Mondese fait l’écho d’une information d’une importance éminente, qui va chambouler les administrations Marocaines et peut-être, qui sait, va devenir l’élément clef qui sauvera Ali Aarrass incarcéré dans les geôles marocaines ! La Révolution est en marche nous dit-on. Soit ! C’est à se demander si l’avenir révolutionnaire des femmes musulmanes au Maroc et au Bahreïn ne se trouverait pas dans un magasin ?
La femme arabe musulmane, jadis longtemps fantasmée dans l’imaginaire poétique des essayistes, a toujours été substance à maintenir les clichés érotiques. En l’espèce le journaliste-bloggeur va plus loin. Il associe cette vision érotique de la femme arabe musulmane, empruntée aux traditions exotiques dans la littérature coloniale, à la vision de la femme musulmane d’aujourd’hui souvent dépeinte négativement de clichés islamophobes, femme interdite dans les lieux publics pour son choix vestimentaire, femme exclue d’une illusoire République laïque, femme dont les droits ne sont pas respectés, femme prétendue soumise et enfermée dans une cage rose comme un « oiseau ». S’il existait un coin de paradis sur terre, où les femmes ne subissent pas les injustices et atrocités causées par des hommes, il ferait indubitablement la première page des journaux mondiaux.
Aussi il serait bon de rappeler au journaliste-bloggeur du Mondeque l’érotisme n’est pas un sujet tabou, puisque la littérature du Cheikh Nefzaoui, de son vrai nom Abou Abdallah Mohammed Ben Omar Nefzaoui, écrivain érotique arabe musulman, a transmis à toutes générations une éducation sexuelle exemplaire incitant les couples mariés à s’aimer davantage.
Pas de quoi en faire un fromage
!
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