Un débat houleux a opposé mercredi les pays membres de l'Organisation de coopération islamique (OCI) et une majorité de pays du groupe africain aux autres pays représentés au Conseil des droits de l'homme sur la question de reconnaissance des droits des homosexuels et des transgenres.
Les pays musulmans ont condamné la tentative d'introduire le concept d'orientation sexuelle à l'ONU, et ont quitté la salle du Conseil pour marquer leur désapprobation.
Un débat était organisé pour la première fois au Conseil des droits de l'homme, qui tient en ce moment sa session annuelle à Genève, sur les discriminations basées sur l'orientation sexuelle.
A l'ouverture des débats, un message a été adressé aux membres du Conseil par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, selon qui "le moment d'agir est venu".
"Des vies sont en jeu et c'est le devoir de l'ONU de protéger les droits de toute personne où qu'elle vive, a affirmé Ban Ki-moon, laissez-moi dire à ceux qui sont lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres, vous n'êtes pas seuls".
Pour sa part, la Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay a présenté une étude sur de nombreuses discriminations visant les homosexuels dans le monde.
Au moins 76 pays dans le monde ont des législations discriminatoires à l'encontre des homosexuels, a-t-elle souligné.
L'appel de l'ONU a été soutenu par les pays occidentaux et latino-américains, alors que les pays islamiques, par la voix de l'OCI ont demandé que le débat organisé mercredi par le Conseil des droits de l'homme "soit le dernier".
Selon leur porte-parole, l'ambassadeur du Pakistan, il n'y a "pas d'accord sur une définition" de la notion d'orientation sexuelle dans le système des Droits de l'homme.
"La légitimation de l'homosexualité est inacceptable pour l'OCI", a ajouté le représentant du Pakistan.
Selon lui, l'homosexualité peut susciter des troubles sociaux, dégénérer en pédophilie et inceste, avoir un impact négatif pour la santé et affaiblir l'institution de la famille.
Le représentant des pays islamiques a aussi demandé que le Conseil tienne compte des "sensibilités culturelles", des "valeurs régionales" et "évite de discuter du comportement individuel de certaines personnes".
Parlant au nom d'une "majorité" de pays africains, le Sénégal a également réclamé "le respect des différences culturelles" et a dénoncé la "tentative de détournement du système des Droits de l'homme pour imposer un concept basé sur le comportement de certains individus".
Pour sa part, la Commission internationale de juristes (CIJ), une ONG basée à Genève, a vivement "condamné l'interprétation fallacieuse de la loi internationale des droits de l'homme" faite notamment le Pakistan et le Sénégal.
"Il est regrettable que certaines délégations ne veulent même pas débattre sur la question de la discrimination et de la violence basées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre", a déploré Alli Jernow, de la CIJ.
"Les droits humains sont universels, ce qui signifie que chacun, y compris les lesbiennes, les homosexuels, les bisexuels ou les transgenres, doit par exemple pouvoir jouir du droit à la vie et à la sécurité de sa personne, et être protégé contre la détention arbitraire et la torture", a-t-elle conclu.
Le débat sur les LBGT a eu lieu suite à une résolution introduite par l'Afrique du Sud et adoptée par le Conseil en juin 2011.
(Source AFP)
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