L'évêque chargé de faire la lumière sur ces affaires abrite dans son diocèse sept prêtres coupables de violences sexuelles sur des enfants.
L'Église catholique allemande est secouée par un nouveau scandale pédophile. Mgr Stephan Ackermann, chargé par la Conférence épiscopale allemande de faire toute la lumière sur les abus sexuels sur mineurs, avait promis une «tolérance zéro» pour les délinquants sexuels au sein de l'Église. Mais l'évêque de Trêves abriterait d'anciens pédophiles dans son diocèse, révèle l'hebdomadaire Der Spiegel.
Au moins sept prêtres pédophiles y exercent une charge, selon le Spiegel. D'après le magazine, il est impossible que Mgr Ackermann n'ait rien su. Trois prêtres ont déjà été condamnés par la justice. Un professeur d'internat avait contraint un élève à des relations sexuelles et deux autres avaient été poursuivis pour possession d'images pédo-pornographiques.
Le diocèse de Trêves, qui refuse de communiquer le nombre exact de délinquants sexuels actifs dans ses paroisses, minimise l'affaire. Employés pour des tâches «subalternes», ces hommes ne seraient plus en contact avec des mineurs et l'Église les surveillerait de près.
Cependant, l'affaire provoque un malaise au sein des associations de défense des victimes d'abus. «L'évêque Ackermann continue de laisser exercer d'anciens et de potentiels violeurs, déplore Thomas Schnitzler, un responsable de l'association de victimes “MissBit” dans le Spiegel. Le risque qu'il fait courir aux enfants est absolument indéfendable.»
20.000 victimes entendues
Un prêtre pédophile âgé de 72 ans, cité par l'hebdomadaire, met en garde contre ce danger. «C'est comme une addiction, une schizophrénie», affirme-t-il à propos de ses penchants pédophiles «qui débranchent des pans entiers de la conscience».
Lors de sa visite en Allemagne en septembre dernier, le pape Benoît XVI avait rencontré des victimes de prêtres pédophiles et exprimé ses profonds regrets.
L'Église catholique allemande avait été ébranlée en 2009 par une série de révélations sur des abus sexuels au sein de ses institutions. Tout a commencé lorsque le principal du prestigieux collège jésuite Canesius de Berlin a demandé pardon aux anciens élèves pour les sévices infligés par les enseignants de son établissement. Brisant le mur du silence, sa lettre avait déclenché une vague de révélations.
Issues de différentes régions d'Allemagne, les victimes avaient appelé une «hotline» mise en place par l'Église allemande. En janvier, le gouvernement fédéral a décidé de proposer à chaque personne ayant été victime durant l'enfance de sévices dans des écoles catholiques du pays, une thérapie d'un coût de 10.000 euros, financée par un fonds mis en place pour répondre au scandale de pédophilie. Ce fonds, de 100 millions d'euros, est le fruit de dix mois de consultations entre le gouvernement, les victimes et les responsables de l'Église.
Selon le gouvernement, plus de 20.000 victimes d'abus sexuels ont été entendues dans le cadre de la consultation.
En septembre, le Pape avait assuré les associations de victimes que les responsables de l'Église «œuvraient à élucider les délits d'abus sexuels et s'efforçaient de favoriser des mesures efficaces pour la protection des enfants et des jeunes». La mise en cause de Mgr Ackermann, principal responsable du dossier, porte un coup sévère à la crédibilité de l'Église.
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