Translate

dimanche 29 avril 2012

Impossible de passer à côté. Le dernier-né de Michael Cunningham - lauréat du Prix Pulitzer 1999 - fait grand bruit. Et pour cause! «Crépuscule», son cinquième roman est un concentré d'érotisme et de sensualité masculine.



Il s'appelle Peter. Elle s'appelle Rebecca. Il est galeriste. Elle est l'éditrice d'un magazine de luxe. «Vive les clichés», direz-vous ! Et pourtant, la coupe des stéréotypes n'est pas pleine. Pas encore! Nos deux quinquagénaires habitent un loft, sublime - of course -, dont les immenses baies vitrées se jettent dans les rues de Manhattan. Entre soirées mondaines, déjeuners et dîners d'affaires, tout se passe pour le mieux dans le plus riche des mondes jusqu'au moment où...Mizzy - le petit frère de Rebecca - pointe son nez dans l'univers si parfaitement feutré - et un peu chiant - de sa riche sœur et de son beau-frère, plutôt sexy, malgré quelques cheveux bancs! 

«Un adolescent au corps sculptural» 
Mizzy s'appelle, en réalité, Ethan. Il a 23 ans. En trois lignes, il va électriser les pages de Cunningham. Jeune beauté androgyne au charme ambigu, intelligent, très sexy, - très shooté aussi - l'adolescent au corps sculptural ressemble, comme deux gouttes d'eau, à un bronze de Rodin. La comparaison vient de Peter. Monde de l'art oblige ! Mais...au fait....comment notre héros connait-il - à ce point en détail - le corps de son beau-frère ? Parce qu'il l'a surpris ! Par erreur !! Sous la douche !!! Ses cheveux courts, mouillés. Son dos droit, musclé. Ses cuisses, ses hanches. Le v dessiné par ses poils pubiens. La saillie rose foncée de son sexe.

Homosexualité grand public 
Cunningham réussit ce pari de rendre touchante, vraie, mais aussi et surtout de rendre belle, de rendre douloureuse l'attirance d'un homme, 100 % hétéro - Peter est marié, père de famille, n'a jamais regardé un garçon de sa vie, n'y a même jamais songé - pour un autre homme, plus jeune, beaucoup plus jeune. Un garçon qui pourrait être son fils. Qui est son beau-frère. Un «pari», en effet, quand on se souvient que Crépuscule - Un roman qui déborde d'interdits - est publié chez Belfond, une maison d'édition «éclectique», au catalogue «grand public», aux titres à gros tirages.

Certains lui reprocheront un style trop «fleur bleue», trop «édulcoré». Mais c'est peut-être là que se cache tout le talent de Cunningham: oser une homosexualité différente. Une homosexualité érotique, suggestive, sentimentale, jamais hard. Une «homosexualité grand public». Et l'on finit par remercier Cunningham pour l'acuité de son regard, la beauté de ses mots, la précision de ses descriptions.... D'offrir aux gays, enfin, une vraie page de littérature. Et d'offrir au grand public une nouvelle vision de l'homosexualité.

Crépuscule
Michael Cunningham
Ed. Belfond

source  tetu.com

Aucun commentaire: