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samedi 21 janvier 2012

Homosexualité féminine et lesbophobie musulmane


Resumé de la conférence a Calem 2011 (Bruxelles – Belgique) de 

M. Laure Rodríguez Quiroga

Je commencerai cette conférence en invoquant le nom d’Allah et en sollicitant sa permission pour parler d’un thème délicat et qui reste un tabou pour la plus grande partie des communauté musulmanes.
Je dois vous confessez les nombreux doutes qui m’ont assailli quant à ma participation à ce congrès et quant à commencer un travail sur l’homosexualité féminine. Cela a supposé pour moi un débat interne qui a remi en question ma position sur le sujet et qui a généré une lutte intérieure entre ce que je suis et mon comportement exterieur souhaité par ma condition de femme musulmane.
Je me suis tout d’abord demandé si je pouvais faire irruption comme ça dans un champ d’identité qui n’est pas le mien. Mes sentiments et mes relations sont hétérosexuels et j’ai crains pour cela de tomber dans le piège qui consistetait à utiliser les musulmanes lesbiennes comme des objets passifs d’étude, les privant de la voix qui leur correspond.
Deuxièmement je me suis demandé si ce ne serait pas tomber dans le piège colonialiste que de déposer sur elles tout un évantail de conceptes stéréotipés sur l’expérience lesbienne. Nous sommes nombreux ceux qui, depuis longtemps déjá, essayent de décoloniser les discours féministes et dans cette optique j’ai réfĺéchi sur de possibles ingérences venant de moi, personne hétérosexuelle, à l’heure d’analiser ces expériences.
Troisièmement et dans ma plus intime relation avec Allah, j’ai eu peur de défendre un discours contraire aux arguments des grands sages contemporains. Je ne suis pas une exégète, je ne suis pas non plus une experte en Sciences Islamiques pas plus qu’en Fiq ce qui fait que depuis mon ignorance je me suis demandé si je pouvais continuer.
Quatrièmement j’ai ressenti de la méfiance à me montrer publiquement en relation avec l’expérience homosexuelle cela à cause des conséquences que cela peut avoir. On ne peut pas nier qu’il existe une certaine crainte pour l’intégrité physique quand mentionner un fait produit des reactions vicérales et des comportements homophobes. Quand j’ai commencé il ya un certain déjá à éditer dans les réseaux sociaux des nouvelles líées au LGBT, j’ai reçu tout type de menaces et de commentaires qui ont essayé d’endomager mon image et mon honneur.
Finalement et après en avoir fait le bilan, j’ai décidé que cela valait la peine de continuer et je me sentais prête à assumer les risques parceque en effet; suivre l’Islam implique nécéssairement d’être conséquent avec la justice sociale. Mon compromis avec l’Islam m’oblige moralement à lutter contre tout type d’injustice. En tant que travailleuse sociale je me dois à un code déontologique qui m’empêche de regarder ailleurs quand je me trouve face à un groupe opprimé. Comme chercheuse je voudrais apporter mon grain de sable et aborder le thème de manière sérieuse, ouvrir de nouveaux chemins et rompre avecºcertains tabous profondément ancrés dans le discours collectif.
Recherche “Homosexualité féminine et lesbophobie dans le monde musulman”

Je viens présenter aujourd’hui dans ce congrés les premières conclusions de ma recherche sur l’homosexualité féminine et la lesbophobie dans le cadre du monde musulman. J’avance déjà que la tâche est aussi compliquée que passionnante. Elle m’a permis de me rapprocher vers le plus intime de l’ être humain, vers ce qui d’habitude est en étroite relation entre l’homme et Allah. C’est précisément grâce à ce rapprochement vers l’intime qui fait que je reste comme suspendue en l’air, utilisant une méthode propre, jouant avec l’empathie la plus chaleureuse et la distance intelectuelle que mérite toute analyse scientifique.
Je défend un discours qui en laisse pas de côté la perpective humaine mais qui en m’oblige pas non plus pour autant de perdre mon point de vue objectif et racionel. Coeur et Esprit en union fraternelle pour aborder une réalité qui bien que passée sous silence n’en continue pas moins d’éxister.
De même qu’en archéologie l’histoire collective s´écrit à partir de petits morceaux d’objets, la construction théorique du discours social est la somme de chacune de ces expériences vitales vécues à niveau individuel.
Aussi, pouvoir réaliser des entrevues personnelles fut très intéressant, non seulement avec des femmes LBT mais aussi avec des personnes musulmanes en général. De plus, je suis en train d’essayer de compléter ma recherche par des reportages de presse, réseaux sociaux, articles, publications, pages web et même analyse de films du monde arabe.
On ne peut pas éluder la mention d’une réalité caractérisée par l’homosexualité masculine sans que l’on puisse rien trouver en profondeur quant à l’homosexualité féminine. Il n’existe pas de débat ouvert sur la réalité LGBT. Extérieurement, c’est à dire en dehors des communautés musulmanes il y a une approche essencialiste et victimiste de la persécution que vivent les personnes LGBT mais qui n’approfondit pas dans l’expérience personnelle et collective.
Intérieurement la situation des personnes LGBT reste un des thèmes qui présente le plus de résistance entre le collectif musulman et cela même parmi les personnes qui se disent des plus libérales.
Dans un cas hipothétique et improbable oü serait mentionné l’homosexualité, il s’agirait généralement de la masculine et se serait l’excuse parfaite pour faire une blague ou avoir une conversation picante de mauvais goût. Durant mes longs séjours au Marroc et au cours de mon expérience professionelle avec le collectif musulman depuis plus de 20ans, j’ai été témoin d’une infinité de phrases populaires et de blagues sur les homosexuels mais sur les hommes évidemment.
Définir son identité lesbienne
Toutes les femmes qui ont des sentiments envers d’autres femmes ne se considèrent pas pour autant lesbiennes ou bisexuelles car l’interprétation islamique donne plus d’importance aux actes sexuels qu’à l’orientation ou aux identités homosexuelles.
L’homosexualité comme identité est un phénomène récent inventé au 19 siècle dans le contexte occidental. En dépit de la constance historique de l’existence des expériences LGBT dans les sociétés musulmanes, elles sont aujourd’hui perçues comme un comportement pervers et conscient, propre d’une maladie mentale.

A partir de cet argument, si l’homosexualité est considérée comme une maladie mentale cela signifie qu’elle peut se corriger ou se soigner et par conséquent sa pratique est une desviation de la norme.
En occident nous contemplons seulement 3 identités sexuelles : hétérosexuelle, bisexuelle, homosexuelle, construites à partir de l’identification du genre et de l’objet du désir. Pour cela il est parfois compliqué de dessiner la ligne des expériences vécues dans d’autres contextes culturels.
Toutefois il existe une caractéristique communes aux sociétés Euro- Méditéranéennes qui considèrent que l’harmonie préetablie des sexes et de leurs rôles sont la base d’une complémentarité essentielle entre le masculin et le féminin à partir de laquelle se construit la famille et donc la société. On utilise ces arguments aussi bien pour expliquer la ségrégation des sexes que le “budget” idéologique hétérosexuel.
Face à cette rigoureuse polarité, chaque expression ou questionnement qui tente de rompre ou de difuminer les frontières entre les sexes est perçue comme une perversion contre nature et par conséquent comme une tendance destructrice de la société.
C’est ici que l’homosexualité prend une importance particulière. Les thèses les plus traditionalistes disent bien que l’homosexualité contredit l’ordre parfait des choses ce qui explique sans aucun doute la persécution et l’homophobie vécues dans la plus grande partie des sociétés musulmanes.
Lors d’une conversation avec un sheijh egyptien établi depuis 15 ans en Espagne, celui-ci affirma: “Les homosexuels sont des malades et pour cela ont besoin de notre miséricorde pour guérir. Si nous les laissons pratiquer ces relations perverses nous détruirons la Ummah. Voilà ce qui s’est passé en Occident qui a été trop permissif avec eux, cela a détruit la société.”
Les personnes qui ne suivent pas la sexualité en accord avec la norme souffrent d’un manque de droits juridiques et à cause de cela beaucoup se voient obligés à mener une double vie et ont peur d’être découvertes, d’être forcées à se marier contre leur volonté pour protéger l’honneur de la famille. Ces personnes manquent aussi de centres d’orientation sexuelle et de soutien psychologique dont elles ont besoin.
La construction de l’identité lesbienne, surtout dans le cas des femmes musulmanes, est un procésus long et douloureux.parfois il en se produit jamais. Por qu’une femme se considère lesbienne le premier pas à suivre est celui de la prise de conscience de la catégorie “lesbienne” pour pouvoir s’y identifier. Il existe toute une lutte intérieure entre la tradition et ces sentiments plus profonds qui font irruption dans une société patriarcale construite à partir de ĺ’expérience hétérosexuelle.
La majorité des femmes musulmanes lesbiennes questionnent leur identité au cours de leur vie. D’abord la première question: “ Qui suis-je?” à laquelle on répond en générale selon le regard des autres et qui est intimement liée à la deuxième question: “ Comment me présenter devant les autres?” C’est une lutte constante entre les identifications resenties par lapropre femme et les identifications imposées par la colectivité.
La plus grande partie des femmes interrogées au cours de ma recherche se sentent identifiées comme lesbiennes. C’est à dire qu’elles se sentent attirées afectivement et sexuellement par d’autres femmes et la plupart ont franchi le pas vers l’interprétation de cette attraction comme étant celui de l’identité lesbienne . La pluspart garde toutefois cela oculte au monde extérieur. Certaines considèrent que leur homosexualité ne dépend pas d’elles et que leur identité sexuelle est liée à l’essence de leur propre existence. Por cela, les attractions lesbo-erotiques sont vécues comme inévitables. D’autres cependant maintiennent que leurs sentiments et leurs désirs sont l’oeuvre du shaytan et luttent pour ne pas tomber dans la tentation de perpétrer un acte pervers et illicite.
Toutes ont relaté des histoires douloureuses sur la négation de leur tendance homosexuelle et sur les difficultés pour identifier leur propre sentiment dû à la souffrance que suppose le choix de vivre comme lesbienne. En général, les femmes musulmanes assument qu’elles n’ont pas choisi leur orientation sexuelle mais si, la possibilité de vivre en accord ou pas cette orientation.

Assumer une identité lesbienne
Remise en question de l’identité sexuelle
Conformément aux résultats de mes recherches il n’existe pas un âge spécifique au cours duquel les lesbiennes musulmanes commencerait à se poser des questions sur leur identité sexuelle. Les réalités sont diverses en fonction de chaque personne. Mais il est certain qu’il existe 2 moments clefs dans le procésus de l’identité lesbienne.
Le premier se produit durant l’enfance quand les femmes prennent conscience d’une attraction vers des personnes du même sexe; la femme peut alors questionner son identification sexuelle, indépendemment du fait qu’elle ai eu ou pas des contactes sexuels avec des personnes du même sexe qu’elle.
Le deuxième moment commence alors qu’il s’est développé une relation hétérosexuelle et l’on remet alors en question son identité à la suite d’un contacte avec une autre femme.
Elles ressentent une sorte de révélation lorsqu’elles s’impliquent pour la premiêre fois avec une femme, en général une amie. Au début elles ne savent pas comment l’intégrer parcequ’elles n’avaient jamais eu auparavant de contacte avec d’autre femme et avaient eu jusqu’à présent des relations satisfaisantes avec des hommes.
Assumer l’identité lesbienne est dans lapluaprt des cas un procésus long qui ne coincide pas toujours avec le début des contactes physiques ou l’attraction des personnes du même sexe.
Pour qu’il se produise cette auto-identification comme lesbienne ou bisexuelle il faut tenir en compte différents facteurs : accès à l’information sur LGTB, idées préalables sur l’homosexualité, capacité de se construir une identité en accord avec la propre expérience.
Radiographie de la situation
Il ya un sentiment généralisé de culpabilité, de peur ou d’angoisse quand elles commencent à assumer leur orientation sexuelle. Il ya surtout un fort impacte psychologique à l’heure d’exterieuriser leur identitésexuelle car elles ont peur de manquer à l’honneur de leur famille et de faire quelque chose contraire à l’Islam.
Khadija, une des femmes interviewées raconta que sa famille soupçonnait ses sentiments et qu’un jour son père lui dit: “ Etre lesbienne c’est encore pire que prostituée. Une prostituée le fait par nécéssitée, une lesbienne par vice. La homosexualidad est une desviation, une maladie qui sera punie lors du Jugement Dernier.”
Beaucoup de femmes ne comprennent pas bien ce qui leur arrive et ont des perceptions négatives sur la signification d’être une femme LTB. Elles ne savent pas non plus oû aller par peur d’être dénoncées. Pour mener à terme notre recherche nous avons maintenues toutes les précautions possibles pour que les femmes se sentent en sécurité. Il n’y eu aucune entrevue directe. L’anonimat qu’offre le ciber-espace nous aide a mieux accéder à ces femmes.
Hajar par exemple, commentait que “ L’accès à internet et aux réseaux sociaux m’ont permis de mieux comprendre ce qui m’arrivait.” Toutefois il existe encore trop peu de matriel spécifique pour les femmes musulmanes, la majorité de l’information est relative aux hommes ou est faite selon des critères patriarcaux ou mysogines de l’Islam. Certaines femmes ont commenté aussi que les organisations LTB répètent souvent les mêmes schémas islamophobes ou stéréotipés de l’Islam, surtout en ce qui concerne les femmes musulmanes.
Mariam raconte: “ Un jour je me rendis dans une association de femmes lesbiennes et je n’ai plus voulu y retourner. En guise d’orientation ils me dirent que pour me libérer je devais abandonner l’Islam et dans ma famille je recevais le message contraire: que pour ềtre une bonne et une vraie musulmane je devais abandonner mes sentiments envers les autres femmes.
Cette situation d’ambivalence fait surtout beaucoup de mal à la santé mentale des musulmanes LGTB qui sentent qu’elles doivent choisir entre leur identité religieuse ou leur identité sexuelle au lieu de chercher une réconciliation entre les deux. Pour cela il serait nécessaire d’informer et de former les organisations LGTB non musulmanes qui sont marquées par un laicisme agressif.
Certaines femmes ont raconté qu’être lesbienne causerait moins de “crise familiale” parceque l’homosexualité est surtout centrée sur les hommes, en partie parceque les espérances de la société et de la lignée familiale reposent sur les garçons. Certaines femmes commentent que les tendances lesbiennes de leurs filles adolescentes aident les familles a supporter le poids relatif à la virginité ou aux grossesses hors mariage.
D’autres femmes cependant pensent le contraire et décrivent des situations traumatisantes. Familles qui recherchent l’aide médicale et qui dépensent un argent qu’elles n’ont pas en thérapies, dénichant à chaque fois des thérapeutes peu compréhensifs avec la tendance LTB.
Amina en vaint à recevoir une thérapie d’aversion à base de choques électriques. Voilà ce qu’elle dit: “Le traitement consistait à me montrer des image d’hommes ou de femmes. Si je regardais une femme je recevais une décharge électrique.” Il en fut ainsi pendant plusieures années, passant d’un thérapeute à l’autre jusqu’á finalement suivre les conseils de sa mère; se marier avec un homme et fonder une famille. Elle vit maintenant avec la ferme conviction que l’homosexualité est l’oeuvre du shaitan.
Le mariage avec une personne de l’autre sexe est le remède le plus répendu par les familles surtout dans le cas des communautés les plus traditionelles où il se convertit comme étant une chose pratiquemment obligatoire. Elles peuvent faire reculer la date mais la pression de la famille cherchera de toute façon le prétendant adécuat.
Face à cette situation certaines femmes acceptent le mariage avec un homme comme quelque chose d’inévitable et répriment leurs sentiments lesbiens ou encore pleinement conscientes qu’une fois mariée elle chercheront à assouvir leur véritable oriebtation mais de manière oculte. L’autre option est de rendre publique la propre orientation sexuelle et risquer d’en assumer toutes les conséquences.
Sumaya racontait le chantage émotionel qu’elle dû souffrir de la part de son beau-frère: “je me fous de ta vie ou de tes sentiments mais si jamais j’entends quelqu’un dans la rue dire que tu es lesbienne je me divorcerai de ta soeur. Je prendrai les 4 gosses et je la fouterai dehors.” Sumaya compris que son unique sortie de secours était l’immigration en Europe pour y vivre en totale liberté.
Farida aussi eu recours à l’immigration mais dans un contexte différend. “Ils m’enfermèrent à la maison pendant des mois, ils m’interdirent tout contact avec mes amies. Ils cherchèrent un homme en Europe pour me marier et ne pas avoir à souffrir la honte. J’ai accepté parceque je savais qu’une fois là-bas je pourrai me séparer et vivre en liberté“.
Lesbophobie

La lesbophobie est une manifestation du sexisme qui désigne les femmes lesbiennes comme inférieures ou anormales, cela surtout dans le contexte musulman. Elles y souffrent une double violence: être une femme et être homosexuelle.
Les interprétations patriarcales de l’Islam discriminent les femmes et les relèguent à des rôles déterminés en fonction de leur sexe. D’elles on attend qu’elles soient d’excellentes maîtresses de maison, qu’elles aient des enfants et qu’elles s’en occupent avec dédication, qu’elles bougent, pensent, ou se comportent selon des stéréotipes préetablis.
Les femmes lesbiennes cassent le modèle traditionel patriarcal parceque d’un côté elles transgressent l’ordre moral et politico-culturel de l’hétérosexualité y d’un autre côté la domination masculine qui choisi comme compagne une autre femme.
La lesbophobie musulmane, avec toutes les conséquences internes et externes qu’elle produit, est la plus grande adversité des femmes LBT à laquelle elles doivent s’affronter pour pouvoir construir leur propre une identité sexuelle.
Il faut chercher un équilibre entre l’expérience homosexuelle et l’expérience sprirituelle plus intime pour pouvoir vivre en harmonie en soi-même.

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