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mardi 6 mars 2012

Vidéo: dans un quartier populaire de Bruxelles, des jeunes s'attaquent à l'homophobie


Dans la capitale belge, l'immigration maghrébine est parfois qualifiée de dernier bastion de l'intolérance. En réalisant un court-métrage contre l'homophobie, une maison de jeunes d’un quartier populaire de schaerbeek a voulu prouver le contraire. Regardez!




A Bruxelles, plusieurs agressions commises ces derniers mois ont donné l’impression d’une augmentation des actes homophobes. Certains propos extrémistes ont également circulés sur les réseaux sociaux, pointant l’immigration maghrébine comme dernier bastion de l’intolérance en centre-ville. Une maison de jeunes de Schaerbeek, une commune de l’agglomération bruxelloise, vient de prouver le contraire.

Un petit groupe a en effet réalisé un court-métrage intitulé Cette prison qu’est mon corps: l’histoire de Malik et Ismaël, deux jeunes Bruxellois victimes de discriminations, l’un à cause de ses origines, l’autre à cause de son orientation sexuelle. «Au départ, c’était un délire, explique Hassan Bensalah, coordinateur de la Maison de Jeunes. Les jeunes voulaient provoquer, mais se sont pris au jeu». Même si le projet n’a pas été simple à monter: «Les discussions étaient souvent houleuses, il y a eu des clashs, des polémiques, des interventions brutales. Mais l’important, c’est qu’on ait pu en parler.»

Certains ont quitté le projet en cours


Le rôle d’une maison de jeunes est en effet l’éducation à la citoyenneté, qui passe par le développement du sens critique. Si certaines personnes ont quitté le projet en cours, d’autres se sont accrochées, bravant aussi leurs craintes, notamment celle d’être identifiées au rôle.

La maison de jeunes schaerbeekoise est exclusivement fréquentée par des membres de la communauté maghrébine. Dans ce quartier populaire, les ados font l’objet de pressions familiales, religieuses, culturelles. L’homosexualité est taboue. «On n’a pas voulu brusquer notre public, reprend le coordinateur. Le film a finalement ému les gens parce qu’il parle du sentiment homosexuel, pas de la sexualité».

«Beaucoup ont changé d’attitude»


Lors de sa première projection, les réactions ont pourtant été assez dures. Les personnages sont interprétés par de jeunes maghrébins, ce qui favorise l’identification et rend soudain réelle une réalité que beaucoup estiment être uniquement le fait des blancs. «Nous avions décidé de laisser la parole au public, raconte Hassan Bensalah. Nous nous attendions à des réactions homophobes et elles ont été nombreuses. Beaucoup de spectateurs avaient surtout besoin d’affirmer leur hétérosexualité, leur virilité. Mais la discussion a finalement pu avoir lieu, et beaucoup ont changé d’attitude». 

Ce court-métrage délicat, sensible et naïf ne résoudra bien sûr pas tous les problèmes d’homophobie. Mais il démontre que même dans des quartiers où cela paraît impossible, on peut parler de l’homosexualité. D’après Hassan Bensalah, il faudrait d’ailleurs mettre l’accent sur la formation des éducateurs. «Certains véhiculent des idées préconçues sur le sujet. Comment pourraient-ils donc en parler avec les jeunes?» Le film devrait maintenant tourner dans d’autres maisons de jeunes pour susciter le débat, et peut-être faire reculer l’homophobie. 

Regardez le court-métrage Cette prison qu’est mon corps:




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