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vendredi 30 mars 2012

Un islam féministe et gay-friendly: l'exemple d'un petit groupe américain




Ils prient côte à côte dans des mosquées mixtes, accueillent à bras ouverts les musulmans homosexuels auxquels ils veulent permettre d’être imam et acceptent celles et ceux qui se marient avec des non musulmans… Ils, ce sont les musulmans américains du mouvement Muslims for Progressive Values (Les musulmans pour les valeurs progressistes), une organisation réformiste naissante dont les membres se sont réunis à Washington D.C., écrit Jaweed Kaleem dans le Huffington Post.


«En quatre ans, le groupe est passé de quelques amis à mille membres et a engendré plusieurs petites mosquées et groupes de croyants qui s’étendent d’Atlanta à Los Angeles.»

Ce petit mouvement alternatif bourgeonnant construit paisiblement un nouveau courant spirituel au sein de l’islam.


«Ils réinterprètent les normes de l’islam et réexaminent les tabous. Très loin de ce qui est accepté par le mouvement dominant, ces croyants estiment que l’avenir de la religion ne repose pas seulement sur la tradition mais aussi sur eux. Des femmes dirigent la prière, des imams gay célèbrent des mariages islamiques et hommes et femmes prient côte à côte.»

«Nous ne pouvons avancer en tant que société, que système de foi, si nous souscrivons à ces manières anciennes et draconiennes de pratiquer l’islam», explique Ani Zonneveld, présidente de Muslims for Progressive Values. Née en Malaisie, cette musicienne de 49 ans qui a grandi en Allemagne, en Egypte et en Inde et a été élevée dans la foi musulmane. Elle a longtemps gardé sa religion secrète dans son travail, de peur que cela ne nuise à sa carrière. Mais tout a changé après le 11-Septembre, quand elle s’est aperçue que les représentants de l’islam qui intervenaient dans les médias ne ressemblaient pas à sa conception de la foi.

Investis dans la lutte contre l'islam radical et les dérives violentes, les Muslims for Progressive Values reportent eux-mêmes les activités suspectes de certains membres de la communauté à la police, tout en luttant contre l'islamophobie aux Etats-Unis, précise dans Village Voice Fatima Thompson, membre elle aussi de ce groupe progressiste.

En 2003, Zonneveld a écrit un album —Ummah, Wake Up!— mettant en avant des thèmes comme la radicalisation armée ou la place marginale des femmes dans les communautés musulmanes. Lors d’un festival de musique islamique à Toronto, les organisateurs lui ont expliqué que les hommes n’avaient pas le droit d’entendre une femme chanter… Et les commerçants musulmans ont boudé son album.

Pour de nombreux spécialistes du Coran, le livre qui relate les paroles d’Allah ne spécifie pas que les femmes n’ont pas le droit de diriger la prière ou que les homosexuels ne peuvent pas faire partie du clergé musulman. Zonneveld se réfère notamment aux premiers temps de l’islam, à l’époque où hommes et femmes priaient communément côte à côte. Pour ces musulmans progressistes, la logique est simple: si rien n'est écrit dans le Coran, ça n'est pas interdit.

En revanche, plusieurs exégètes conservateurs du Coran aux Etats-Unis prétendent que les Muslims for Progressive Values ne représentent pas les musulmans et projettent leurs idées sur le Coran.«Leur influence réelle dans la communauté musulmane est virtuellement non existante» selon Dalia Mogahed, auteur du livre Who Speaks For Islam?

Et selon John Esposito, professeur d’études islamiques à l’université Georgetown:


«C’est difficile de dire quel succès auront ces groupes progressistes. Souvent ces réformes, quand elles commencent à se réaliser, concernent de petits groupes avant-gardistes au sein de la religion. Ils courent le risque de s’aliéner mêmes ceux qui se considèrent comme réformistes si ces derniers voient un sujet comme les imams gay, qui va trop loin pour eux.»

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