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vendredi 30 mars 2012
Concilier islam et homosexualité, le combat de Ludovic-Mohamed Zahed
Concilier islam et homosexualité, le combat de Ludovic-Mohamed Zahed
Ludovic-Mohamed Zahed (à gauche sur la photo), premier musulman français à s’être marié religieusement à un homme, vient de sortir un livre, "Le Coran et la chair". Il y raconte son difficile parcours.
"Aujourd’hui, je suis persuadé que si le prophète Mahomet était encore vivant, il marierait […] des couples d’homosexuels." L’auteur de ces lignes, Ludovic-Mohamed Zahed, est un fervent musulman, fin connaisseur du Coran, homosexuel et marié depuis fin février - avec la bénédiction d’un imam français - à Qiyaammudeen, un Sud-Africain lui aussi musulman.
Dans son ouvrage "Le Coran et la chair" (Editions Max Milo), sorti jeudi 29 mars en librairie, le jeune homme livre un témoignage poignant sur le parcours difficile d’un homosexuel musulman, parsemé de doutes et d’humiliations. "L’homosexualité […] n’est pas un choix ; et il faudrait être fou pour choisir d’être homosexuel lorsque l’ont vient du milieu socioculturel d’où je viens", écrit-il.
Intellectuel brillant, écrivain doué et militant intrépide, Ludovic-Mohamed a fait de l’islam et de l’homosexualité la cause de sa vie. À travers notamment son association d’aide et de défense des homosexuels musulmans HM2F (Homosexuels musulmans de France), mais aussi à travers ses recherches universitaires. Le jeune homme, qui suit un double cursus en anthropologie et en psychologie dans la prestigieuse École des hautes études en sciences sociales (EHESS), se consacre depuis plusieurs années à préparer un doctorat sur le sujet.
Des coups pour "apprendre à être un homme"
Né en Algérie en 1977, Ludovic-Mohamed est le deuxième garçon d’une famille de trois enfants. Alors qu’il est âgé de trois ans, ses parents quittent Alger pour s’installer en région parisienne. La famille ne reviendra au pays que pour les vacances, puis le temps d’une année dans le chaos algérien des années 1990. Ludovic-Mohamed est un enfant timide, efféminé. "Je suis entre les deux : un peu fille, un peu garçon", réalise-t-il à l’âge de 8 ans.
Mais ni son père, "un voyou macho", ni son grand frère ne l’entendent de cette oreille. "J’ai passé mon enfance avec un père qui me disait que je n’étais qu’une 'femmelette, une gonzesse, un pleurnichard'", témoigne le jeune homme. Pour lui apprendre "à être un homme", son frère aîné le passe régulièrement à tabac, allant jusqu’à lui casser le nez. "Il avait honte de son frère ‘malade’", affirme Ludovic-Mohamed dans son livre.
En quête d’identité, l’adolescent se plonge dans la religion. Pris en charge par un groupe de salafistes en Algérie, il apprend par cœur - en arabe - une partie du Coran, prie cinq fois par jour, observe strictement les enseignements de ses maîtres. Là aussi, ses manières considérées comme trop efféminées finissent par déranger ses "frères", qui l’écartent de leur communauté. Nous sommes alors en 1995, l’Algérie s’embourbe dans la guerre civile. Le 30 janvier, un camion bourré d’explosifs dévaste le centre d’Alger. Quarante-deux personnes perdent la vie. L’attentat est revendiqué par le Groupe islamiste armé, le GIA.
Désert spirituel
"Ce jour là, […] je sens remuer jusqu’à mes tripes de savoir que j’ai, ne serait-ce que de très loin, quelque chose à voir avec ces gens-là", décrit Ludovic-Mohamed. L’attentat et son exclusion de la confrérie des salafistes algérois signent "le début d’un très long désert spirituel, […] quinze ans durant lesquels [il] rejettera violemment l’islam". À 21 ans, il avoue son homosexualité à sa famille. Sa mère en reste inconsolable plusieurs mois, mais son père, celui-là même qui, pendant de longues années, n’avait pas adressé la parole à un fils qu’il n’estimait pas assez viril, lui répond : "C’est comme ça, je comprends, il faut accepter". Une main tendue, enfin bienveillante. À cette époque, Ludovic-Mohamed est séropositif depuis deux ans.
Malgré sa rupture avec les salafistes, la soif de spiritualité couve au fond de son âme. Le jeune homme se tourne un temps vers le bouddhisme. "Mais je me suis rendu compte que la misogynie et l’homophobie sont partout les mêmes", commente le jeune homme, le regard droit derrière ses lunettes cerclées. Petit à petit, l’islam s’impose de nouveau à lui. "J’ai recommencé peu à peu à prier, puis je suis allée une première fois faire un pèlerinage à La Mecque, aux sources de l’islam, pour me réapproprier ma religion, raconte-t-il. J’ai redécouvert une paix intérieure qui m’avait quittée depuis l’enfance".
À son retour en France, il fonde une première association, Les enfants du Sida, pour laquelle il voyage autour du monde pendant toute une année. "Ça m’a permis de me rendre compte que j’étais quelqu’un de bien, assure-t-il aujourd’hui. J’ai réalisé aussi que je pouvais être homosexuel, et avoir une pratique religieuse". Il fonde alors une deuxième association : HM2F, homosexuels musulmans de France. "L’éthique islamique actuelle condamne cette orientation sexuelle, mais en fait rien dans l’islam ou le Coran ne l’interdit, assure-t-il. D’ailleurs, pendant des siècles, les musulmans ne prenaient pas l’homosexualité comme l’abomination suprême, comme la débauche ultime, comme c’est le cas aujourd’hui".
L’apaisement
Sur le sujet, Ludovic-Mohamed est intarissable. "L’homosexualité n’a rien de "contre-nature" selon une certaine représentation de l’islam, bien au contraire […]", écrit-il ainsi dans "Le Coran et la chair". Il érige cette conception de l’islam en un combat de tous les jours. HM2F l’amène à voyager. Notamment jusqu’en Afrique du Sud, où il participe à une conférence organisée par une association similaire à la sienne – fondée par un ancien imam qui, se découvrant homosexuel, a divorcé et s’est consacré à son organisation. Ludovic-Mohamed y rencontre Qiyaammudeen. Ils se marient civilement en juin 2011 - le mariage gay, légal en Afrique du Sud, n’est pas reconnu dans l’Hexagone - puis s’installent en France, en banlieue parisienne, en octobre de la même année. C’est là que, le 18 février, ils célèbrent religieusement leur union. Une première en France.
Malgré des détours administratifs kafkaïens pour l’obtention de papiers pour Qiyaammudeen, malgré les mails et les appels téléphoniques de menace, courants depuis qu’il a décidé de vivre au grand jour sa foi et son homosexualité, Ludovic-Mohamed a enfin trouvé la quiétude. "Je suis apaisé, affirme-t-il, un fin sourire se dessinant sur ses lèvres. Je pourrais partir demain, je suis enfin serein."
source france24
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Intellectuel brillant, écrivain doué et militant intrépide, Ludovic-Mohamed a fait de l’islam et de l’homosexualité la cause de sa vie. À travers notamment son association d’aide et de défense des homosexuels musulmans HM2F (Homosexuels musulmans de France), mais aussi à travers ses recherches universitaires. Le jeune homme, qui suit un double cursus en anthropologie et en psychologie dans la prestigieuse École des hautes études en sciences sociales (EHESS), se consacre depuis plusieurs années à préparer un doctorat sur le sujet.
Des coups pour "apprendre à être un homme"
Né en Algérie en 1977, Ludovic-Mohamed est le deuxième garçon d’une famille de trois enfants. Alors qu’il est âgé de trois ans, ses parents quittent Alger pour s’installer en région parisienne. La famille ne reviendra au pays que pour les vacances, puis le temps d’une année dans le chaos algérien des années 1990. Ludovic-Mohamed est un enfant timide, efféminé. "Je suis entre les deux : un peu fille, un peu garçon", réalise-t-il à l’âge de 8 ans.
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Mais ni son père, "un voyou macho", ni son grand frère ne l’entendent de cette oreille. "J’ai passé mon enfance avec un père qui me disait que je n’étais qu’une 'femmelette, une gonzesse, un pleurnichard'", témoigne le jeune homme. Pour lui apprendre "à être un homme", son frère aîné le passe régulièrement à tabac, allant jusqu’à lui casser le nez. "Il avait honte de son frère ‘malade’", affirme Ludovic-Mohamed dans son livre.
En quête d’identité, l’adolescent se plonge dans la religion. Pris en charge par un groupe de salafistes en Algérie, il apprend par cœur - en arabe - une partie du Coran, prie cinq fois par jour, observe strictement les enseignements de ses maîtres. Là aussi, ses manières considérées comme trop efféminées finissent par déranger ses "frères", qui l’écartent de leur communauté. Nous sommes alors en 1995, l’Algérie s’embourbe dans la guerre civile. Le 30 janvier, un camion bourré d’explosifs dévaste le centre d’Alger. Quarante-deux personnes perdent la vie. L’attentat est revendiqué par le Groupe islamiste armé, le GIA.
Désert spirituel
"Ce jour là, […] je sens remuer jusqu’à mes tripes de savoir que j’ai, ne serait-ce que de très loin, quelque chose à voir avec ces gens-là", décrit Ludovic-Mohamed. L’attentat et son exclusion de la confrérie des salafistes algérois signent "le début d’un très long désert spirituel, […] quinze ans durant lesquels [il] rejettera violemment l’islam". À 21 ans, il avoue son homosexualité à sa famille. Sa mère en reste inconsolable plusieurs mois, mais son père, celui-là même qui, pendant de longues années, n’avait pas adressé la parole à un fils qu’il n’estimait pas assez viril, lui répond : "C’est comme ça, je comprends, il faut accepter". Une main tendue, enfin bienveillante. À cette époque, Ludovic-Mohamed est séropositif depuis deux ans.
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Malgré sa rupture avec les salafistes, la soif de spiritualité couve au fond de son âme. Le jeune homme se tourne un temps vers le bouddhisme. "Mais je me suis rendu compte que la misogynie et l’homophobie sont partout les mêmes", commente le jeune homme, le regard droit derrière ses lunettes cerclées. Petit à petit, l’islam s’impose de nouveau à lui. "J’ai recommencé peu à peu à prier, puis je suis allée une première fois faire un pèlerinage à La Mecque, aux sources de l’islam, pour me réapproprier ma religion, raconte-t-il. J’ai redécouvert une paix intérieure qui m’avait quittée depuis l’enfance".
À son retour en France, il fonde une première association, Les enfants du Sida, pour laquelle il voyage autour du monde pendant toute une année. "Ça m’a permis de me rendre compte que j’étais quelqu’un de bien, assure-t-il aujourd’hui. J’ai réalisé aussi que je pouvais être homosexuel, et avoir une pratique religieuse". Il fonde alors une deuxième association : HM2F, homosexuels musulmans de France. "L’éthique islamique actuelle condamne cette orientation sexuelle, mais en fait rien dans l’islam ou le Coran ne l’interdit, assure-t-il. D’ailleurs, pendant des siècles, les musulmans ne prenaient pas l’homosexualité comme l’abomination suprême, comme la débauche ultime, comme c’est le cas aujourd’hui".
L’apaisement
Sur le sujet, Ludovic-Mohamed est intarissable. "L’homosexualité n’a rien de "contre-nature" selon une certaine représentation de l’islam, bien au contraire […]", écrit-il ainsi dans "Le Coran et la chair". Il érige cette conception de l’islam en un combat de tous les jours. HM2F l’amène à voyager. Notamment jusqu’en Afrique du Sud, où il participe à une conférence organisée par une association similaire à la sienne – fondée par un ancien imam qui, se découvrant homosexuel, a divorcé et s’est consacré à son organisation. Ludovic-Mohamed y rencontre Qiyaammudeen. Ils se marient civilement en juin 2011 - le mariage gay, légal en Afrique du Sud, n’est pas reconnu dans l’Hexagone - puis s’installent en France, en banlieue parisienne, en octobre de la même année. C’est là que, le 18 février, ils célèbrent religieusement leur union. Une première en France.
Malgré des détours administratifs kafkaïens pour l’obtention de papiers pour Qiyaammudeen, malgré les mails et les appels téléphoniques de menace, courants depuis qu’il a décidé de vivre au grand jour sa foi et son homosexualité, Ludovic-Mohamed a enfin trouvé la quiétude. "Je suis apaisé, affirme-t-il, un fin sourire se dessinant sur ses lèvres. Je pourrais partir demain, je suis enfin serein."
source france24
Un islam féministe et gay-friendly: l'exemple d'un petit groupe américain
«En quatre ans, le groupe est passé de quelques amis à mille membres et a engendré plusieurs petites mosquées et groupes de croyants qui s’étendent d’Atlanta à Los Angeles.»
Ce petit mouvement alternatif bourgeonnant construit paisiblement un nouveau courant spirituel au sein de l’islam.
«Ils réinterprètent les normes de l’islam et réexaminent les tabous. Très loin de ce qui est accepté par le mouvement dominant, ces croyants estiment que l’avenir de la religion ne repose pas seulement sur la tradition mais aussi sur eux. Des femmes dirigent la prière, des imams gay célèbrent des mariages islamiques et hommes et femmes prient côte à côte.»
«Nous ne pouvons avancer en tant que société, que système de foi, si nous souscrivons à ces manières anciennes et draconiennes de pratiquer l’islam», explique Ani Zonneveld, présidente de Muslims for Progressive Values. Née en Malaisie, cette musicienne de 49 ans qui a grandi en Allemagne, en Egypte et en Inde et a été élevée dans la foi musulmane. Elle a longtemps gardé sa religion secrète dans son travail, de peur que cela ne nuise à sa carrière. Mais tout a changé après le 11-Septembre, quand elle s’est aperçue que les représentants de l’islam qui intervenaient dans les médias ne ressemblaient pas à sa conception de la foi.
Investis dans la lutte contre l'islam radical et les dérives violentes, les Muslims for Progressive Values reportent eux-mêmes les activités suspectes de certains membres de la communauté à la police, tout en luttant contre l'islamophobie aux Etats-Unis, précise dans Village Voice Fatima Thompson, membre elle aussi de ce groupe progressiste.
En 2003, Zonneveld a écrit un album —Ummah, Wake Up!— mettant en avant des thèmes comme la radicalisation armée ou la place marginale des femmes dans les communautés musulmanes. Lors d’un festival de musique islamique à Toronto, les organisateurs lui ont expliqué que les hommes n’avaient pas le droit d’entendre une femme chanter… Et les commerçants musulmans ont boudé son album.
Pour de nombreux spécialistes du Coran, le livre qui relate les paroles d’Allah ne spécifie pas que les femmes n’ont pas le droit de diriger la prière ou que les homosexuels ne peuvent pas faire partie du clergé musulman. Zonneveld se réfère notamment aux premiers temps de l’islam, à l’époque où hommes et femmes priaient communément côte à côte. Pour ces musulmans progressistes, la logique est simple: si rien n'est écrit dans le Coran, ça n'est pas interdit.
En revanche, plusieurs exégètes conservateurs du Coran aux Etats-Unis prétendent que les Muslims for Progressive Values ne représentent pas les musulmans et projettent leurs idées sur le Coran.«Leur influence réelle dans la communauté musulmane est virtuellement non existante» selon Dalia Mogahed, auteur du livre Who Speaks For Islam?
Et selon John Esposito, professeur d’études islamiques à l’université Georgetown:
«C’est difficile de dire quel succès auront ces groupes progressistes. Souvent ces réformes, quand elles commencent à se réaliser, concernent de petits groupes avant-gardistes au sein de la religion. Ils courent le risque de s’aliéner mêmes ceux qui se considèrent comme réformistes si ces derniers voient un sujet comme les imams gay, qui va trop loin pour eux.»
jeudi 29 mars 2012
Ce "certificat rose" dispensant les homosexuels turcs de service militaire (reportage bbc 25min)Les gays ne sont pas les bienvenus dans l'armée turque. Mais ils doivent "prouver" leur orientation sexuelle.
- documentaire
- Le certificat rose
SYNOPSIS
Il ya une citation turque disant que tout homme est né d'un soldat, et en Turquie, tout homme est enrôlé pour le service militaire d'un maximum de 15 mois.
Il n'y a pas d'alternative à cela; la Turquie ne reconnaît pas le concept de l'objection de conscience.
Mais un groupe de personnes est exempté - les homosexuels.
Leur présence dans l'armée est réputée nuire à l'efficacité opérationnelle et le moral.
Mais le processus par lequel les hommes homosexuels sont invités à prouver leur orientation sexuelle est arbitraire et humiliant.
Emre Azizlerli lève le voile sur le seul pays au sein de l'alliance militaire de l'Otan à discriminer les homosexuels de cette manière.
LIENS CONNEXES
Malades, handicapés ou... homosexuels : voilà les trois motifs que les hommes turcs peuvent avancer afin de se faire dispenser de service militaire, obligatoire en Turquie. Mais prouver que l'on est gay est bien plus compliqué qu'il n'y paraît, et donne lieu à une épreuve plus qu'humiliante.
"Ils m'ont demandé à quand remontaient mes premières relations sexuelles anales, mes premières fellations, avec quelles sortes de jouets je m'amusais étant petit." Ahmed (1), un jeune homme d'une vingtaine d'années, témoigne dans un reportage édifiant diffusé par la BBC World Service de ce qu'il a vécu lors de son bilan de santé précédant son service militaire. "Ils m'ont interrogé pour savoir si j'aimais le football, si je portais des vêtements ou des parfums de femme. Comme je portais une barbe de trois jours, ils m'ont dit que je ne ressemblais pas à un gay normal."
Les officiers l'ont ensuite fortement invité à fournir une photo de lui vêtu en femme, ce qu'Ahmed a refusé. "Mais je leur ai proposé une autre offre, qu'ils ont acceptée" : et le jeune homme de leur donner une photo où il embrasse un homme. Cela devrait lui permettre - il l'espère en tout cas - d'obtenir un "certificat rose", qui le déclare homosexuel, et donc exempté de service militaire.
"Partenaire passif"
Gokhan (1), enrôlé dans les années 1990, a très vite compris qu'il n'était pas fait pour l'armée. "J'avais une peur bleue des armes à feu", se souvient-il dans ce reportage de la BBC. En tant qu'homosexuel, il craignait aussi les intimidations, et se décide donc à faire son coming out au bout d'une semaine auprès de son commandant, qui lui demande aussi sec des photos pour preuve.
Gokhan prépare donc des images très explicites, où on le voit en pleine relation sexuelle avec un autre homme. Mais il comprend qu'il ne pourra pas repartir avec ses photos. "Le visage doit être visible", raconte Gokhan, "et les photos doivent clairement établir que vous êtes le partenaire passif". Les images satisfont les médecins militaires, qui lui délivrent son fameux "certificat rose". Au prix d'une "terrible expérience", selon ses propres dires, "cela reste un événement très éprouvant, parce que quelqu'un détient ces photos. Et cette personne peut un jour décider de les montrer à mon village, à mes parents, à mes proches."
Gay Pride
Ces dernières années, les homosexuels ont, il est vrai, commencé à ne plus se cacher dans les grandes villes turques. Des bars et clubs gays ont ouvert à Istanbul, et la Gay Pride de l'été dernier - unique dans le monde musulman - a été un succès total. Certes, il n'existe pas de lois spécifiques contre l'homosexualité en Turquie, mais les homosexuels ne sont pas pour autant les bienvenus dans l'armée. De nombreux hommes homosexuels témoignent que la nature précise de la preuve dépend du bon vouloir du commandant ou du médecin. Parfois, en lieu et place des photos, les médecins préfèrent un "test de personnalité".
L'armée turque a refusé l'interview sollicitée par la BBC ; mais un général à la retraite, Armagan Kuloglu, a accepté de commenter ces pratiques. Selon lui, les homosexuels déclarés peuvent causer des "problèmes disciplinaires". Et d'ajouter qu'il ne serait pas facile de créer des "installations séparées, telles que des dortoirs, douches et terrains d'entraînement différents". Le général confie toutefois qu'un homme peut servir l'armée s'il maintient sa sexualité secrète. Un écho à la version américaine récemment abandonnée du "Don't ask, don't tell" ("ne demandez pas, ne dites pas"). Et Armagan Kuloglu justifie les "indiscrétions" de l'armée : "Si quelqu'un se revendique homosexuel, il doit prouver ses dires, pour qu'il ne prétende pas être gay simplement pour tenter d'échapper à son devoir."
"Trouble psychosexuel"
À vrai dire, la stigmatisation sociale des homosexuels est telle en Turquie qu'en dehors des cercles des jeunes urbains des grandes villes, comme Istanbul et Ankara, il est difficile de croire qu'un homme puisse se déclarer gay sans l'être. Mais la simple éventualité que l'armée soit leurrée préoccupe beaucoup les militaires. "Les médecins sont soumis à une pression immense de leur hiérarchie pour qu'ils diagnostiquent l'homosexualité. Alors ils obéissent, même s'il n'y a pas vraiment d'outils pour déterminer l'orientation sexuelle, dit un psychiatre qui a officié dans un hôpital militaire. "C'est médicalement impossible, et absolument pas éthique."
De fait, sur le certificat rose de Gokhan, son statut est ainsi libellé : "trouble psychosexuel", suivi de l'annotation "homosexualité" entre parenthèses. Car les hôpitaux militaires turcs continuent de définir l'homosexualité comme une maladie, en se basant sur un document de l'Association psychiatrique américaine de 1968.
Même si certains Turcs considèrent que les gays sont chanceux de pouvoir échapper à l'armée, les homosexuels portent leur "certificat rose" comme un fardeau. Un employeur peut exiger les raisons pour lesquelles le demandeur d'emploi n'a pas effectué son service - et même se renseigner auprès de l'armée si nécessaire -, et refuser d'embaucher un prétendant homosexuel. Un problème que ne connaîtra pas Ahmed cette année : l'armée a décidé de reporter sa décision quant à la délivrance de son certificat rose. D'après le jeune homme, le fait qu'il refuse de poser en femme lui a porté préjudice. Le chemin de la tolérance est encore long.
source : lepoint
les travestis prostitués de casablanca
Passé minuit, les grandes artères du centre-ville de Dar El Beïda appartiennent à ces drag queens pas comme les autres.
Dans cet univers glauque et surtout dangereux, les alliances sont de mise. Les travestis forment une communauté visible, quoique sujette à des querelles intempestives, et ont de très bonnes relations avec les prostituées. Normal : ces hommes et ces femmes de la marge partagent le même terrain de chasse et n’hésitent pas à se passer l’info sur les rondes de la police. «Si un client me demande où il peut trouver une prostituée, je n’hésite pas à lui passer le téléphone d’une de mes copines. De toute manière, entre femmes, on s’entraide», lance joyeusement Rachida-Rachid qui offre ses services sur le Bd My Youssef.
A Casablanca, le monde de la nuit se partage entre deux catégories. Les uns veulent claquer de l’argent, les autres sont à l’affût de ces derniers pour leur soutirer leur pognon. Flics, prostitués, travestis, tenanciers de bars et de cabarets, voleurs et chauffeurs de taxis, tout ce beau monde participe à cette chasse au fric. Ces travestis bon marché qui d’ailleurs n’ont rien à voir avec ceux qui sont entretenus par des clients bien placés, vivotent dans un univers violent. Quand ils se confient, ils dégagent une sensibilité somme toute bien féminine.
C’est qu’un travesti est bien plus qu’un homme déguisé en femme. C’est aussi une copie d'un original, d'un idéal qui pour le travesti, reste la femme, mais en plus fantaisiste. Le travelo s’épile, se maquille, s’injecte des hormones pour donner à sa poitrine l’apparence des seins, fait de la "lipo" pour avoir des fesses de femme. Côté vestimentaire, un travesti est également crédible… en femme bien sûr : jupes courtes ou tailleurs, escarpins et manteaux de fourrure. Ils adorent la lingerie avec ses strings, porte-jarretelles et autres collants. C’est pour cela que les travestis sont fiers de porter les surnoms de divas des boîtes de nuit ou drag queens.
Seulement, les travestis de chez nous, ceux qui font les cent pas sur les avenues du centre-ville de Dar Beïda sont loin de représenter ce modèle-là. «Je fais mon possible pour avoir un style d’enfer. Mais, compte tenu de ma situation financière précaire, je me rabats sur les marchés aux puces», se plaint Rachida-Rachid qui se prostitue chaque nuit à l’intersection du Bd Rachidi et Hassan II à proximité du jardin qui porte le nom de «Nevada» et qui fait partie du parc de la Ligue arabe. Passé minuit, cet endroit devient le lieu de rencontre entre les travestis et leurs clients. Les voitures qui y passent ralentissent à la vue du prostitué. Les passes ont lieu dans les voitures ou sous l’ombre des arbres du jardin. Et les prix varient entre 20 DH et 100 Dhs, selon la prestation demandée.
Ayant un penchant prononcé pour l’esthétique, les travestis prostitués de Casablanca conçoivent cette notion autrement. Quand ils évoquent les accessoires qui les rendent plus femmes qu’hommes, ils en parlent plus par nécessité que par plaisir. Normal : la loi de ce marché de la chair est bien dure. Le travelo use de tous les procédés pour paraître jeune, encore attirant. «Avec l’âge et l’usure des longues nuits, les clients deviennent de plus en plus rares. Le maquillage et les artifices vestimentaires nous permettent de faire face à la concurrence des plus jeunes», explique Hassaniya qui, pourtant, n’a pas plus de 30 ans. Ce qui les attriste, ce sont les balafres au visage, causées par l’agression d’un clochard ou les multiples arrestations dont ils font l’objet faute du fameux «mimi» (bakchich dans le jargon casablancais).
Leurs histoires se ressemblent. Leurs parcours aussi. Avant de se retrouver dans la nature, ils ont été chassés de la maison après que leurs familles ont découvert leur penchant exagéré pour la féminité. Une fois dans la rue, ils se débrouillent comme ils peuvent pour survivre. Le seul boulot à leur portée n’est autre que la prostitution. «J’ai été éduquée comme une petite fille, un peu comme mes cinq soeurs. J’étais efféminé depuis mon enfance. A l’école comme dans le quartier, je faisais l’objet des pires railleries mais aussi de tous les abus. Mon père n’a pas hésité à me jeter dehors», c’est ainsi que Hassaniya décrit son enfance. Il quitte sa ville natale (Sefrou) pour s’installer à Casablanca. Commence pour Hassaniya ses premières aventures nocturnes et ses premières rencontres avec les autres travestis de la ville. «J’ai pu me dégoter une petite chambre dans l’ancienne médina que je partage encore avec d’autres amis. Le soir, il faut bien gagner sa croûte», avoue-t-il difficilement. Le «sriyef» (littéralement argent de poche) est derrière cette lugubre saga nocturne.
C’est que le métier a ses risques et pas des moindres. Des rafles des flics (estafettes des arrondissements, police judiciaire et forces auxiliaires) aux agressions physiques et sexuelles des clochards et délinquants, un travesti débutant passera obligatoirement par la prison pour délit d’homosexualité qui, selon les dispositions de l’article 489 du Code pénal, prévoit des peines de prison allant de six mois à trois ans. C’est en taule que l’apprenti-prostitué apprend les secrets du métier, les coins les plus sûrs de la ville, comment gérer des policiers véreux et comment soutirer un max de fric aux clients. A la sortie de la prison, le jeune travesti apeuré devient un travelo professionnel.
La dure réalité des travestis les pousse à adopter des méthodes radicales. Des prostitués homosexuels et travestis sont devenus plus violents. «Il y a ceux qui s’associent à des voleurs pour agresser des clients. D’autres brandissent une lame de rasoir et menacent de se faire mutiler le bras. Alors qu’il y a ceux qui ,une fois dans la voiture, s’approprient la clef de contact et ne la rendent que quand le client leur donne plus d’argent», raconte ce travesti qui préfère garder l’anonymat. Des clients qui veulent bien sûr rester anonymes et ne peuvent en aucun cas déposer plainte au commissariat. C’est ainsi que la nouvelle génération des travestis qui se prostituent dans les dédales casablancais est devenue plus agressive, moins timorée. Dans une voiture, dans le hall d’un immeuble ou dans ce qu’ils aiment bien appeler «hôtel moulana» (ruelles sombres ou impasses difficiles d’accès pour les agents d’autorité), ils s’associent aux «lakajas» (voleurs de service) pour une mise en scène où le perdant n’est autre que le client. Dans une ville qui couve les désirs secrets des uns et les destins tragiques des autres.
Revolutionnaires arabes le guide : Création de pages Facebook efficaces (arabe)
Le Printemps arabe fait beaucoup parler de lui en Tunisie, Égypte et dans d'autres pays du Moyen-Orient, où il a largement recouru à Internet et aux médias sociaux. En Égypte, le jeune Khaled Mohamed Saïd est décédé le 6 juin 2010 dans une cellule de la prison de la police dans le quartier Sidi Gaber d'Alexandrie. Immédiatement après, l'activiste Wael Ghonim lançait un groupe Facebook de premier plan, “Nous sommes tous Khaled Saïd”, qui a propagé la nouvelle de son décès et contribué à mobiliser des protestations de masse qui ont finalement conduit à la Révolution égyptienne de 2011. Les technologies telles que Twitter, TwitPic, Facebook et YouTube ont contribué de manière spectaculaire dans un premier temps à l'accélération de ces protestations sociales.
Media Exchange (SMEX) est une entreprise sociale proposant des services de formation et de conseil sur les médias sociaux ainsi qu'une stratégie en ligne à l'intention des organisations commerciales et à but non lucratif au Liban et dans le monde arabe.
SMEX a publié un nouveau guide en arabe Création de pages Facebook efficaces (arabe) : Un guide pour les organisations de la société civile arabe. Le guide de 74 pages présente neuf grandes étapes dans le développement d'une stratégie en vue d'une page Facebook, telles que la sélection des administrateurs, la définition des objectifs et l'utilisation des aperçus pour suivre l'avancement de la campagne. Le guide comprend également des exemples de pages efficaces dans le monde arabe ainsi que des captures aidant à faire le tour des nombreuses caractéristiques des pages Facebook.
Le guide sera utile pour les nouveaux activistes arabes ainsi que pour les organisateurs plus expérimentés s'efforçant d'exploiter efficacement les médias sociaux. Le guide PDF peut être téléchargé librement et est disponible sous une licence Creative Commons Attribution 3.0, ce qui permet à toute personne d'adapter, transformer et réutiliser librement le guide pour des utilisations commerciales ou non-commerciales. La seule obligation est de rendre crédit à SMEX. Une version en anglais sera publiée prochainement.
mardi 27 mars 2012
Un Printemps arabe qui fait fuir…
Depuis que les révolutions ont éclaté dans le monde arabe, leHaut Commissariat rattaché à l’ONU a constaté une hausse de 20% des demandes d’asiles dans les pays industrialisés. Selon un rapport publié ce mardi 27 mars, c’est en effet 441 300 demandeurs d’asile qui ont fuit le continent africain et le Moyen-Orient durant l’année 2011, contre 368 000 en 2010.
Parmi les ressortissants, dont la demande d’asile a explosé, on retrouve bien entendu, les Libyens, les Syriens, les Tunisiens, ou encore les Ivoiriens. A titre d’exemple, les Tunisiens ont été 9 fois plus nombreux, à entamer une procédure de demande d’asile en 2011 que l’année précédente, passant alors de 900 à 7900 demandeurs. Selon le même rapport, ces derniers auraient privilégié la Suisse et l’Italie.
Néanmoins, cette hausse importante, qui a un fort impact sur les flux migratoires, ne peut certainement pas servir de thèse aux politiques anti-immigration, dans la mesure où ces chiffres doivent être relativisés. En effet, comme le souligne à juste titre, Antonio Ghterres, représentant des Nations-Unies pour les réfugiés, « le nombre de demandes d’asile reçues dans tous les pays industrialisés reste moins élevé que la seule population de Dadaab, un camp de réfugiés tentaculaire du nord-est du Kenya »… On est donc loin de « l’invasion », comme ont pu le prétendre certains politiciens…
Source : Lemonde
Action Amnesty international : Yémen, stop aux discriminations que connaissent les femmes
Yémen, stop aux discriminations que connaissent les femmes
Comme en témoigne le prix Nobel de la
paix reçu en 2011 par Tawakkol Karman, militante de premier plan du
mouvement en faveur de la réforme au Yémen, les femmes ont joué un rôle
central dans les soulèvements dans la région. Nombre d’entre elles ont
été harcelées, arrêtées et parfois frappées pour avoir participé au
mouvement de contestation. Certaines ont également été menacées par
l'intermédiaire de leur famille, leurs proches de sexe masculin étant
sommés de les contrôler et de calmer leurs ardeurs militantes.
Alors que le Yémen entre dans une
période de transition, il est nécessaire de s'attaquer aux violations
bien établies des droits des femmes dans le pays. Les femmes y sont
systématiquement victimes d'actes de discrimination et de violences,
autant de pratiques qui ont des conséquences dévastatrices sur leurs
vies. Si leurs droits sont régulièrement bafoués, c'est que la
législation yéménite et les pratiques tribales et coutumières traitent
les femmes comme des citoyens de seconde zone. [Plus d'information...]
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