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samedi 9 juin 2012

Russie : Etre musulman à Moscou aujourd'hui petit tour des blogs



Les conditions de vie d'une population musulmane en augmentation à Moscou sont représentatives de la situation des minorités ethniques et religieuses dans la Russie d'aujourd'hui. Où un certain ressentiment historique des Russes à l'égard des immigrés continue d'influer sur les politiques sociales du gouvernement à leur égard.
A Véliki Novgorod, [en français], cité fondée au IXe siècle, se trouve un des plus célèbres monuments de l'histoire russe, le « Millénaire de la Russie ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands prennent la ville et prévoient de démonter le monument et de le transporter en Allemagne, mais en 1944, Véliki Novgorod, après une intervention victorieuse des Soviétiques, repasse aux mains de l'armée Rouge.
Le monument
Quelques siècles avant l'incursion de l'Allemagne nazie, le territoire de la Russie actuelle est investi par d'autres envahisseurs : les Mongols. La Russie restera sous leur joug pendant plus de deux cents ans, jusqu'à ce que, en 1476, Ivan III (le Grand) [en français] refuse de payer le tribut au khan Akhmat.
Ainsi, à la Renaissance, alors que l'Europe de l'Ouest connaît un développement sans précédent de la science et de la culture, la Rus' [en français] (ancêtre de la Russie) subit le joug d'une domination étrangère.

Le blogueur crazypinguin, sur LiveJournal, dans un commentaire sans lien avec cet article, fait remarquer la disproportion qui existe à Moscou (d'après les chiffres de 2012) entre “le nombre d'églises orthodoxes” et “le nombre de mosquées” “rapportés au nombre de pratiquants” :
“[…] D'après les chiffres de fin 2010, il y avait à Moscou 837 églises orthodoxes sous l'autorité du patriarche moscovite. Pourtant, les offices n'étaient servis que dans 273 d'entre elles.[…]
En date du 1er janvier 2012, Moscou compte 11 629 116 habitants, dont 91,65 % de Russes (il est vrai, selon les données de 2002), qui sont donc environ
10,5 millions. A peu près 2 millions (si l'on en croit Pravmir.com, [en anglais] le portail Internet de l'Eglise orthodoxe russe) sont orthodoxes - sont pris en compte ceux qui vont à l'église au moins 1 fois par an. Statistiquement, pourtant, seulement 1 % à 1,5% de la population totale fréquente réellement les églises, […] et il y a 2 500 fidèles par église.
A titre de comparaison, Moscou compte 6 mosquées. Les musulmans moscovites représentent environ 10 %, et, si l'on compte qui participent activement à la vie de l'église, ils sont près d'un million. Six mosquées. 150 000 fidèles (par mosquée). Même en supposant que seulement 1 % de la population musulmane moscovite se rende de façon régulière à la prière, on arrive quand même à 15 000 fidèles. […]”
La grande mosquée de Moscou en travaux, en 2009. Photo Macs24 (CC BY-SA 3.0).
Le blog des Peuples d'Asie centrale raconte [en anglais] les difficultés que rencontrent les musulmans qui vivent à Moscou. Les auteurs appellent leurs lecteurs à prier pour leurs coreligionnaires arrivant à Moscou à la recherche d'une vie meilleure :
S'il vous plaît, priez pour les nombreux émigrés d'Asie centrale qui, laissant leur famille et leur pays, sont venus gagner leur vie à Moscou. Souvent, il n'y sont pas les bienvenus. Beaucoup doivent endurer des humiliations, beaucoup subissent des discriminations. Ils ont beau travailler dans un pays qui prise les valeurs chrétiennes, la “bonne nouvelle” leur est rarement apportée.
L'hiver, les rues et les trottoirs de Moscou sont couverts d'une épaisse couche de neige. D'habitude, elle est à peine tombée qu'on la déblaie. Chaque matin les Moscovites se réveillent au son des pelles qui raclent l'asphalte. C'est le travail des concierges, qui pour la plupart sont des ressortissants des pays d'Asie centrale. Presque tous ont laissé leur famille au Kirghizistan, en Ouzbékistan, au Tadjikistan… Venus à Moscou pour nourrir leur famille, ils font des journées d'au moins 12 heures et des semaines de sept jours. En reconnaissance de leur dur labeur, ils sont mal payés et persécutés par les autorités locales pour des motifs ethniques. Beaucoup de ces immigrés se sentent seuls à Moscou, leur famille leur manque et ils essaient de trouver un sens à leur vie.”
Un immigré à Moscou - Photo Veronica Kholkhova
une petite histoire drôle qui fera mieux comprendre la place de la xénophobie dans la culture russe, complexe et ancienne :
Deux étrangers qui visitent la place Rouge à Moscou contemplent les tours du Kremlin avec vénération. Leur rêve, c'est d'être en tout point comme les Russes. Nos étrangers demandent à un vieux monsieur comment faire pour y arriver. Celui-ci leur dit qu'ils n'ont qu'à grimper sur une des tours du Kremlin pour aller toucher l'étoile rouge, et qu'aussitôt ils seront transformés en vrais Russes. Les étrangers grimpent sur la tour, et le premier touche l'étoile. Aussitôt, il est transformé en Russe. Il peut écrire des poèmes d'amour comme Pouchkine et des symphonies comme Tchaïkovski, il peut danser, se battre et éprouver des sentiments aussi forts que n'importe quel Russe.
Le deuxième demande au premier de lui tendre la main pour qu'il puisse lui aussi toucher l'étoile et devenir russe. Alors, le premier le fait tomber en disant : “Descends de là, saleté d'étranger !”
Pour illustrer les tracasseries administratives qui attendent les minorités de Moscou, en plus des difficultés sociales, le blog “l'Islam en Europe” (Islam in Europe Blog) cite [en anglais] des extraits de l'article de l'agence Interfax, “De hauts fonctionnaires du ministère de l'Intérieur soupçonnés d'extorsion de fonds sur la communauté musulmane”, paru en février 2012 :
Les enquêteurs du FSB (ex-KGB) ont fait suivre au procureur général des documents prouvant l'implication de certains officiers haut placés de la Direction de la lutte contre l'extrémisme (GUPE) dans le racket de l'une des communautés musulmanes de Moscou, rapporte le quotidien “Kommersant”.
Selon l'article, “les enquêteurs ont entendu parler d'un important racket sur le marché Lefortovo de la capitale, à la veille des fêtes du Nouvel An. Un groupe de policiers qui s'est rendu au marché sous prétexte de contrôles aurait fait cesser les ventes et exigé des commerçants 1 million de roubles pour les laisser reprendre leur activité.”
[…]
Toujours selon l'article, les policiers ont déclaré qu'ils étaient venus vérifier une information sur une fausse salle de prières servant de couverture à une cellule islamiste interdite, fréquentée par les commerçants musulmans, mais aussi les ouvriers tadjiks des chantiers voisins.

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