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lundi 11 juin 2012

Les "examens de la honte" : quand le Liban torture sa communauté gay




Le Liban apparaît comme le pays du Moyen-Orient le plus libéral sur la question des mœurs. Alors qu’ils sont flagellés en Arabie Saoudite, emprisonnés en Egypte ou condamnés à mort en Iran, les homosexuels libanais jouissent d’une relative liberté et de la protection de la plus puissante association pour les homosexuels de la région. Pourtant, les révélations sur les pratiques humiliantes de certaines casernes de police jettent le doute sur la réelle tolérance du pays envers cette communauté.

Les  examens de la honte  : quand le Liban torture sa communauté gay 
Fondée en 2004, Helem Foundation est la première association pour les droits des homosexuels au Liban et un modèle pour les autres communautés du Moyen-Orient. Elle travaille pour éliminer la discrimination envers les homosexuels, les lesbiennes, les bisexuels et les transsexuels. Et le Liban apparait souvent comme progressiste sur les questions de mœurs. Ceci dit, relativement bien acceptés dans certains milieux et régions, les homosexuels libanais sont aussi victimes de discriminations voire de violences symboliques et physiques.
 
Plusieurs associations dénoncent aujourd’hui le comportement de certains policiers et le harcèlement dont sont victimes les membres de la communauté gay. Obligés de se déshabiller et de subir des fouilles et examens médicaux dégradants, certains jeunes libanais suspectés d’homosexualité sont torturés dans les casernes. Pour déterminer leur orientation sexuelle, les jeunes gens sont auscultés par des médecins qui - de leurs propres aveux - sont pourtant bien incapables de déterminer leur homosexualité par seul examen anal.
 
Reste la dimension sciemment humiliante de ces pratiques qui n’ont d’autres objectifs que de maltraiter cette fange de la population. "Nous avons brisé le silence", déclare Nizar Saghieh, dont l'ONG L'Agenda juridique est à l'origine de la conférence organisée à Beyrouth sur ces "examens de la honte". Pour lui, totalement illégaux et inefficaces, les tests anaux sont des "actes de torture " organisés par une police qui " veut donner l'impression qu'elle a les moyens de savoir  ". Cette pratique servirait en fait à " intimider le suspect et à l'amener à avouer, en faisant valoir que si l'homosexualité est découverte lors de l'examen, la sanction encourue sera plus sévère."
 
En dépit de sa bonne réputation, le Liban n’est pas un pays idyllique pour la communauté homosexuelle. Loin de là. La société libanaise a beau être considérée comme la plus moderne de la région, elle reste conservatrice. Pour les homosexuels, le quotidien est rude et beaucoup sont réduits à cacher leur orientation sexuelle, particulièrement dans les villages de la montagne ou plus généralement dans les familles traditionnelles. Si la société civile tente de faire évoluer la situation des gays au Liban, sans un changement profond des mentalités et de la Loi, des pratiques révoltantes comme celles dénoncées aujourd’hui resteront de mise. Tant qu’une majorité de la population les considèreront comme des déviants sexuels, les homosexuels du Liban, comme d’ailleurs, continueront d’être victimes de ce type de violences.
 
L’espoir est pourtant permis au vu du tollé qu’ont suscitées ces révélations sur les "examens de la honte", notamment sur les réseaux sociaux. Si les autorités sont restées muettes, les communautés connectées sur le Net comptent bien ouvrir un débat sur l’article 534 de la Constitution qui punit les " relations sexuelles contre nature ".

source keek.fr

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