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mardi 27 novembre 2012

« Femme de la rue » ou le reportage que l’on mérite…voici un article bien different



Ben wouaip! C’est vrai: il m’arrive aussi de me faire aborder boulevard Lemonnier. Pas qu’une fois, bien évidemment. Suffit, en général, d’y déambuler d’un pas non empressé. Si je n’ai pas de temps à consacrer, je me contente d’offrir un sourire subreptice et, parfois, un signe de main mais il m’arrive aussi d’être relax… Et comme je n’aime pas négliger une personne qui s’adresse à moi, ça me permet souvent d’en savoir un peu davantage. Et bon… Très souvent, il s’agit simplement de sans-papiers. Ben oui… Ils cherchent une nana et, bien sûr, la possibilité de régularisation qui l’accompagne. Mais pas seulement. A chaque fois, c’est sûr, ils vivent les souffrances et la solitude de l’exil. Je le sais bien, ce n’est jamais facile. Quand je m’arrête, en soulignant mon indisponibilité affective, ces gars me quémandent toujours quelques instants.  J’en revois même certains avec qui j’ai lié amitié. Sur un banc ou autours d’un verre, ça ne fait jamais de mal de partager nos histoires. Ils sont toujours ravis d’échanger avec une belge, « Belgo-belge » me disent-ils. Il m’arrive même d’attester de nos relations amicales pour enrichir leurs dossiers de demande d’asile. Ca m’arrive, oui. Parce-qu’on en croise des centaines, voire des milliers, de ces personnes déracinées sur le très central boulevard bruxellois jouxtant le vieux quartier Anneessens.
Photo: Linda MondryLe moins que l’on puisse dire, c’est que ça n’a jamais été Byzance ici. Des quartiers touristiques, où les commerçants se plaignent parfois de la fréquence des travaux de rénovation des artères, on pénètre très directement sur les vieux pavés défoncés en se dirigeant vers la gare du Midi. Par temps de pluie,  les trottoirs y sont carrément inondés. Faut même éviter, surtout à partir de l’automne, d’y venir chaussée de talons tant la circulation piétonne peut s’y révéler difficile. Ca a toujours été comme ça, dans les ruelles d’Anneessens: faut avoir les tripes bien accrochées pour vivre entre des, trop souvent, façades lépreuses et buildings délabrés. Pour les jeunes belges d’origine maghrébine, le seul fait d’y être domicilié est souvent ressenti comme une véritable fatalité: « Déjà quand t’as un nom à consonances marocaines, c’est pas trop facile de trouver du taf, m’y souligne-t-on. Mais quand tu mentionnes ton adresse, ça devient carrément mission impossible. » Ben oui… Qui ne connait pas la réputation du quartier? Suffit d’en parler pour que tout qui n’y habite pas se mette à trembler. Et comme ça fait quarante ans qu’ils s’y sont installés… Les immigrés marocains. Avant, tout simplement, c’était surtout des espagnols qui y vivaient. Un de mes potes de cette origine y a même grandi, à la rue évidemment. De toutes sa bande d’amis, ils ne seraient que deux à avoir survécu. C’était d’ailleurs déjà comme ça pour les polonais et même les « anciens belges » qu’on y retrouve encore parfois: royaume de la débrouille et de la misère, cour des miracles urbaine… Alors aujourd’hui, avec l’afflux des migrants subsahariens à proximité du canal, les communautés y perpétuent une guerre plutôt froide. Les uns accusant les autres d’envahir leurs rues et logements, les autres reprochant aux uns de refuser le partage des lieux. Même un tunisien fraîchement débarqué m’a demandé, face au glacial accueil local, où pouvait bien se trouver la solidarité musulmane. suite..............Coming Out » Blog Archive » « Femme de la rue » ou le reportage que l’on mérite…

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