Translate

mercredi 27 mars 2013

Robert Badinter débute à l'opéra, avec un drame gay d'après Victor Hugo


Dès ce mercredi à Lyon, l'opéra «Claude» sur un texte de l'ancien garde des Sceaux, évoquera notamment une histoire d'amour entre détenus.
«Cela fait quatre ans que j'en rêve. Au cœur de cette tragédie pénitentiaire, vous avez Clairvaux, une centrale qui est comme un monstre qui broie les hommes, qui les tue», explique, dans les coulisses de l'Opéra, Robert Badinter qui fit abolir la peine de mort et complètement dépénaliser l'homosexualité en France.
Néo-lyonnais
L'ancien 
garde des Sceaux (1981-1986) fait son entrée par la porte des artistes à l'Opéra de Lyon, où est créé demain soir Claude,opéra dont l'ancien garde des Sceaux a écrit le livret, inspiré d'un drame carcéral de Victor Hugo évoquant l'homosexualité, avec Olivier Py à la mise en scène.
Robert Badinter (photo ci-contre) a transposé à Lyon le roman méconnu de Victor HugoClaude Gueux, faisant de son héros un de ces canuts, ouvriers des soieries lyonnaises qui se sont révoltés au 19e siècle, sur les pentes de la Croix-Rousse, à deux pas de l'opéra.
Amour entre détenus
Arrêté sur les barricades alors qu'il proteste contre le remplacement des ouvriers du textile par des machines anglaises, Claude est condamné à plusieurs années de prison. Il y aime un autre détenu, passion qui le conduira finalement à l'échafaud.
Le compositeur Thierry Escaich, dont c'est aussi une première dans le monde de l'opéra, évoque quant à lui son souci de «donner, musicalement, cette idée de l'enfermement», au cœur du livret de Badinter.
Oppression
Et le metteur en scène Olivier Py (lui-même ouvertement gay) a créé pour l'occasion un décor très sombre, marqué par un cube de neuf cellules où l'on voit les prisonniers vivre.
Le cube bouge sur scène grâce à des prisonniers actionnant une meule, tels les esclaves de l'Antiquité, machinerie symbolisant l'oppression carcérale, avec «ces hommes qui tournent cette meule infinie» selon l'expression de Robert Badinter.
Audace
Il explique avoir pris la liberté d'une adaptation très libre du roman de Hugo en découvrant que lui-même s'était fortement éloigné du cas réel de Claude Gueux, dont Robert Badinter a retrouvé le dossier dans les archives judiciaires.
«On connaît le combat (de Robert Badinter) contre la peine de mort, mais aussi en général contre les injustices sociales et les conditions pénitentiaires. Il a donc en quelque sorte payé sa dette à Victor Hugo, qui a été le premier à se battre contre la peine de mort», analyse Olivier Py. Le metteur en scène note par ailleurs l'audace, «assez singulière pour l'époque», de Victor Hugo à évoquer une «histoire d'amour entre deux hommes».
2ème œuvre gay-friendly
Badinter n'en est quant à lui pas à son coup d'essai dans la dénonciation de la répression de l'homosexualité sur scène. Dans sa pièce C.3.3, montée au Théâtre de la Colline en 1995, il y retraçait le destin d'«Oscar Wilde, tué pour son homosexualité par la société victorienne», rappelle l'ancien ministre de la Justice.
A près de 85 ans, Robert Badinter évoque avec simplicité son «rêve réalisé» de participer à un opéra, projet qui «demeure indistinct» alors que les nombreux livres qu'il a écrits sont autant d'«objets qu'on pose sur une bibliothèque».
Regardez un reportage::

Claude, pièce maîtresse d'un festival baptisé Justice-Injustice, sera diffusé sur France Musique en direct le 11 avril, et ultérieurement par Arte, France Télévisions et Mezzo.


source : afp et Tetu

Aucun commentaire: