Les manifestations qui ont commencé le 13 juin pour une réduction du tarif des transports publics à São Paulo ont
pris une ampleur considérable en raison d'Internet. Durant ces
événements et à mesure que se constituait un soutien national, des
sites, des blogs et des outils nouveaux ont émergé pour soutenir la
mobilisation online et offline.
C'est au travers des réseaux sociaux que
la plupart des manifestation se sont organisées. Les informations
échangées vont des précisions sur le lieu et l'horaire jusqu'à des
informations pratiques pour circuler en sécurité dans les rues, pour
trouver un abri ou du secours, pour enregistrer en photos ou vidéos ce
qui se passait. Des manifestants prodiguaient également des conseils
pour savoir comment dénoncer des violences sur tout le territoire
brésilien en utilisant les photos et vidéos.
Les outils
La plateforme Ushahidi est utilisée pour une carte interactive rassemblant via le mot-clic #protestosbr tous les témoignages de confrontations et de violences survenues lors de ce que l'on appelle la Révolution du vinaigre.
Un site fédérateur : No Movimento (Dans le mouvement) ouvert pendant les événements, publie des photos venant de tout le pays et une liste d'avocats volontaires et disponibles en cas de besoin d'aide juridique. Le blog Brazilian Protests a
annonce qu'il allait publier “la vérité” sur les manifestations qui se
déroulent au Brésil, en langue anglaise, pour ceux qui ne lisent pas le
portugais. Le site Vemprarua.org (Viens dans la rue) cherche à regrouper des informations sur ce qui se passe dans tout le pays et collabore également à la carte interactive de vemprarua.com.
Une vídéo largement partagée sur les réseaux sociaux en ligne explique “Comment filmer une révolution”.
Etre actifs en lignes c'est être passif hors ligne ?
C'est une mobilisation qui naît dans
l'univers virtuel mais qui demande en même temps aux citoyens de
descendre dans les rues, comme le fait le hashtag #vemprarua.
La question n'est plus de savoir si la
mobilisation en ligne des médias permet de susciter un mouvement de
revendication populaire, sa puissance a déjà été démontrée, par exemple
lors de la révolution égyptienne en 2011.
Certains internautes font ce constat avec satisfaction. L'historien Fred Coelho, du blog Objeto Sim, Objeto Não, fait ressortir (cité avec autorisation) combien les médias sociaux ont joués un rôle important pendant ces événements :
Aujourd'hui a été un des jours les plus riches en informations de l'histoire de Facebook, au moins en ce qui me concerne. La quantité d'articles, de liens,de vidéos que j'ai collectés sur ce qui s'est passé hier sans même sortir du réseau de Zuckerberg (le créateur de Facebook) a été extraordinaire.
Leonardo Sakamoto souligne sur son blog combien les hommes politiques ont des difficultés à comprendre comment fonctionnent les outils de mobilisation en ligne :
Il souligne aussi l'usage des médias sociaux comme forme de participation sociale :Les hommes politiques traditionnels ont des difficultés pour comprendre la manière dont les mouvements de contestation utilisent les outils comme Twitter ou Facebook. Ils croient que ce ne sont que des espaces de promotion personnelle ou au mieux un canal pour faire circuler l'information et atteindre l'électeur potentiel. Il y a aussi ceux qui croient que les réseaux sociaux fonctionnent comme des entités individuelles et non comme des plates formes d’élaborations politique ou les voix dissidentes gagnent en puissance car elles ne sont pas présentes sur les moyens traditionnels de communication”.
Ces technologies de communication ne sont pas des outils pour décrire la réalité mais bien pour la construire et la reconstruire. Lorsqu'une personne est active dans un de ces réseaux, elle ne se contente pas de raconter, elle innove, elle relie, elle modifie, elle vit. Ceci est en train de changer la façon de faire de la politique et les formes de participation sociale. Le pouvoir attribué à des représentants au sein des partis, des syndicats ou des associations tend à diminuer alors que l'intervention directe des individus dans la gestion de leur cité est en train d'augmenter.
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